01\-24 Job maudit le jour de sa naissance. Jb 3-4

Job Chap. 3 & 4

II. Dialogue

1. PREMIER CYCLE DE DISCOURS

Job maudit le jour de sa naissance.

 3   1 Enfin Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance.  2 II prit la parole et dit :  3 Périsse le jour qui me vit naître et la nuit qui annonça : « Un garçon vient d’être conçu : * 4 Ce jour-là, qu’il soit ténèbres, que Dieu, de là-haut, ne le réclame pas, que la lumière ne brille pas sur lui ! 5 Que le revendiquent ténèbres et ombre épaisse, qu’une nuée s’installe sur lui, qu’une éclipse en fasse sa proie ! *  6 Oui, que l’obscurité le possède, qu’il ne s’ajoute pas aux jours de l’année, * n’entre point dans le compte des mois ! 7 Cette nuit-là, qu’elle soit stérile, qu’elle ignore les cris de joie !  8 Que la maudissent ceux qui maudissent les jours * et sont prêts à réveiller Léviathan ! *9 Que se voilent les étoiles de son aube, qu’elle attende en vain la lumière et ne voie point s’ouvrir les paupières de l’aurore !  10 Car elle n’a pas fermé sur moi la porte du ventre, pour cacher à mes yeux la souffrance.

11 Pourquoi ne suis-je pas mort au sortir du sein, n’ai-je péri aussitôt enfanté ?  12 Pourquoi s’est-il trouvé deux genoux pour m’accueillir, deux mamelles pour m’allaiter ? 13 Maintenant je serais couché en paix, je dormirais d’un sommeil reposant,  14 avec les rois et les grands ministres de la terre, qui ont bâti leurs demeures dans des lieux désolés, *15 ou avec les princes qui ont de l’or en abondance et de l’argent plein leurs tombes. *16 Ou bien, tel l’avorton caché, je n’aurais pas existé, comme les petits qui ne voient pas le jour.

17 Là * prend fin l’agitation des méchants, là se reposent les épuisés. 18 Les captifs de même sont laissés tranquilles et n’entendent plus les cris du surveillant. 19 Là petits et grands se confondent et l’esclave recouvre sa liberté. 20 Pourquoi donner à un malheureux la lumière, la vie à ceux qui ont l’amertume au cœur,  21 qui aspirent après la mort sans qu’elle vienne, fouillent à sa recherche plus que pour un trésor ?

22 Ils se réjouiraient en face du tertre funèbre, * exulteraient s’ils atteignaient la tombe. 23 Pourquoi ce don à l’homme qui ne voit plus sa route et que Dieu enclot sur lui-même,  24 Pour nourriture, j’ai mes soupirs, comme l’eau s’épanchent mes rugissements. 25 Toutes mes craintes se réalisent et ce que je redoute m’arrive.  26 Ni tranquillité ni paix pour moi, et mes tourments chassent le repos.

Job 3 (1- 26)

–           Verset 3. conçu. Deux malédictions parallèles, celle du jour de la naissance et celle de la nuit de la conception.

–           Verset 5sa proie. « ombre épaisse » çaltnût conj.; « ombre de la mort » calmawet hébr. – « éclipse » kamrîr yôm conj.; « comme des amertumes du jour » kimerîrê yôm hébr.

–           Verset 6. de l’année. « Oui » tiré du v. 7, et on supprime « cette nuit-là », dû à une contamination du même v. – «s’ajoute» syr., Vulg.; «se réjouisse » hébr.

–           Verset 8. les jours. Soit les ennemis de la lumière, ceux qui agissent dans les ténèbres, cf. 24 13s; 38 15; soit ceux qui, comme Job, maudissent le jour de leur naissance; soit plutôt des sorciers ou jeteurs de sorts, capables, croyait-on, par leurs imprécations et sortilèges, de changer les jours fastes en jours néfastes, ou bien d’attirer les éclipses, lorsque « Léviathan » engloutissait momentanément le soleil.

–           Verset 8. Léviathan. Léviathan (ou encore le Dragon, le Serpent Fuyard), cf. 26 13; 40 25+; Is 27 1; 9; Am 9 3; Ps 74 14; Ps 104 26, était dans la mythologie phénicienne un monstre du chaos primitif, cf. 7 12+; l’imagination populaire pouvait toujours craindre qu’il ne se réveillât, attiré par une malédiction efficace contre l’ordre existant. Le dragon de Ap 12 3, qui incarne la résistance à Dieu de la puissance du mal, revêt certains traits de ce serpent chaotique.

–           Verset 14. lieux désolés. Litt. « qui bâtissent des ruines (harabôi) pour eux ». L’expression pourrait signifier, à la lumière d’Is 58 12 et 61 4, « rebâtir des ruines » : les rois de Babylonie et d’Assyrie se glorifient souvent de l’avoir fait. Mais le pronom « pour eux » renvoie plutôt à des demeures funéraires édifiées à l’avance dans des lieux déserts ou solitaires. C’était tout spécialement le cas en Égypte. Il se peut que le mot harabôt ait suffi à désigner, chez les Hébreux, les mastabas ou les pyramides.

–           Verset 15. tombes. Litt. « leurs maisons », c’est-à-dire leurs « maisons d’éternité », cf. Qo 12 5, ou demeures funéraires, cf. aussi Ps 49 12. De fait, les fouilles archéologiques (notamment à Ur et en Égypte) ont révélé les richesses accumulées dans les tombes royales ou princières.

–           Verset 17Là. Au shéol, cf. Nb 16 33+.

–           Verset 22. funèbre. « (en face du) tertre funèbre » gai ou goîel conj.; « (jusqu’à) jubilation » gîl hébr.,

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Is 27 1; 1 Ce jour-là, Yahvé châtiera avec son épée dure, grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux ; il tuera le dragon qui habite la mer.

Am 9 3; 3 s’ils se cachent au sommet du Carmel, là j’irai les chercher et les prendre ; s’ils se dérobent à mes yeux au fond de la mer, là * je commanderai au Serpent de les mordre ;

Ps 104 26, 26 là des navires se promènent et Léviathan que tu formas pour t’en rire.

Ap 12 3, Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème. * Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. * En arrêt devant la Femme au travail, le Dragon s’apprête à dévorer son enfant aussitôt né.

Is 58 12 et 61 4, 58 12 On reconstruira, chez toi, les ruines antiques, tu relèveras les fondations des générations passées, on t’appellera Réparateur de brèches, Restaurateur des chemins, pour qu’on puisse habiter. ———– * 4 Ils rebâtiront les ruines antiques, ils relèveront les restes désolés d’autrefois ; ils restaureront les villes en ruines, les restes désolés des générations passées.

Ps 49 12. 12 Leurs tombeaux * sont à jamais leurs maisons, et leurs demeures d’âge en âge ; et ils avaient mis leur nom sur leurs terres !

Nb 16 33+. 33 Ils descendirent vivants au shéol, * eux et tout ce qui leur appartenait. La terre les recouvrit et ils disparurent du milieu de l’assemblée.

Job Chap. 4

Confiance en Dieu. *

4  1  Éliphaz de Témân prit la parole et dit :  2 Si on t’adresse la parole, le supporteras-tu ? Mais qui pourrait garder le silence !  3 Vois, tu faisais la leçon à beaucoup d’autres, tu rendais vigueur aux mains débiles ; 4 tes propos redressaient l’homme qui chancelle, fortifiaient les genoux qui ploient.  5 Et maintenant, ton tour venu, tu perds patience, atteint toi-même, te voilà tout bouleversé !

6 Ta piété ne t’inspire-t-elle pas confiance, ta vie intègre n’est-elle pas ton assurance ?  7 Souviens-toi : quel est l’innocent qui a péri ? Où donc a-t-on vu des justes exterminés ?

8 Je parle d’expérience : ceux qui labourent l’iniquité et sèment le malheur, les moissonnent.  9 Sous l’haleine de Dieu ils périssent, au souffle de sa colère ils sont anéantis. 10 Les rugissements du lion, les cris du fauve, comme les crocs des lionceaux sont brisés.  11 Le lion périt faute de proie, et les petits de la lionne se dispersent.  12 J’ai eu aussi une révélation furtive, * mon oreille en a perçu le murmure. 13 À l’heure où les rêves agitent confusément l’esprit, quand une torpeur envahit les humains,  14 un frisson d’épouvanté me saisit et remplit tous mes os d’effroi.

15 Un souffle glissa sur ma face, hérissa le poil de ma chair.  16 Quelqu’un se dressa… je ne reconnus pas son visage, mais l’image restait devant mes yeux. Un silence… puis une voix se fit entendre : 17 « Un mortel est-il juste devant Dieu, en face de son Auteur, un homme serait-il pur ?  18 à ses serviteurs mêmes, Dieu ne fait pas confiance, et il convainc ses anges d’égarement. *19 Que dire des hôtes de ces maisons d’argile, posées elles-mêmes sur la poussière ? On les écrase comme une mite ; 20 un jour suffit à les pulvériser. à jamais ils disparaissent, car nul ne les ramène. *  21 Leur piquet de tente est arraché, et ils meurent dénués de sagesse. » *

Job 4 (1-21)

–           Titre. Cette réponse d’Éliphaz exprime en la durcissant la doctrine traditionnelle de la rétribution : doctrine qui est avant tout une affirmation de foi en la justice providentielle du Dieu de l’Alliance. Doutant de son efficacité dans tous les cas, le poète la rappelle néanmoins avec beaucoup de chaleur.

–           Verset 12. furtive. Litt. « À moi une parole vint furtivement ». Il s’agit d’une parole céleste, proférée par un personnage mystérieux, cf. v. 16, communiquée au milieu d’un sommeil profond (même terme en Gn 2 21; 15 12) et visant à provoquer le frisson du sacré. Ce mode de connaissance surnaturel contraste avec le caractère rationnel de la doctrine des sages et atteste une évolution de celle-ci, du moins dans certains cercles. Mais la révélation dont se réclame Éliphaz ne correspond exactement ni à l’expérience habituelle des prophètes, lesquels recevaient ordinairement la Parole à l’état de veille, ni à l’inspiration que revendiquera plus tard le Siracide, 24 31-33; 39 6. Elle s’apparente plutôt aux songes ou visions nocturnes, cf. Za 1 8, avec une note terrifiante soulignée volontiers par le genre littéraire apocalyptique, cf. Dn 4 2;  5 5-6.

–           Verset 18. d’égarement. « Serviteurs de Dieu » et anges sont identiques. Si ces êtres qui approchent Dieu gardent pourtant une infirmité radicale, à plus forte raison l’homme charnel et périssable.

–           Verset 20les ramène. « nul ne les ramène » meshîb conj.; « nul n’y prend garde » (?) meshîm hébr.

–           Verset 21. de sagesse. « piquet de tente » yetedam conj.; « corde » yitram hébr. – « dénués de sagesse », litt. « et non avec sagesse » ; on pourrait aussi comprendre « faute de sagesse » ou « et ce n’est pas la faute de la sagesse ». Mais le contexte immédiat, qui insiste sur la fragilité de l’homme en général et la brièveté de son existence, suggère plutôt l’idée que celui-ci n’a pas ou ne sait pas trouver le temps (cf. Ps 90 12) d’acquérir la sagesse, ou encore que sa science limitée ne peut rien contre la mort.

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Za 1 8, 8 J’eus une vision pendant la nuit. Voici : Un homme montant un cheval roux se tenait parmi les myrtes qui ont leurs racines dans la profondeur ; derrière lui, des chevaux roux, alezans, et blancs. * 9 Je dis : « Qui sont ceux-là, mon Seigneur ? » Et l’ange qui me parlait me dit : « Je te ferai voir qui ils sont. » 

Dn 4 2;  5 5-6. 4 2 J’ai eu un songe : il m’a épouvanté ; des angoisses, sur ma couche, et les visions de ma tête m’ont tourmenté. 3 Je décrétai : qu’on m’amène tous les sages de Babylone pour qu’ils me fassent connaître l’interprétation du rêve. ————– 5 5 Soudain apparurent des doigts de main humaine qui se mirent à écrire, derrière le lampadaire, sur le plâtre du mur du palais royal, et le roi vit la paume de la main qui écrivait. 6 Alors le roi changea de couleur, ses pensées se troublèrent, les jointures de ses hanches se relâchèrent et ses genoux se mirent à s’entrechoquer. 

Ps 90 12 12 Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de cœur à la sagesse ! 13 Reviens, Yahvé Jusques à quand ? Prends en pitié tes serviteurs.