07\-19 Les privilèges d’Israël. Rm 9

ÉPÎTRE AUX ROMAINS Chap. 9

(C). LA SITUATION D’ISRAËL *

Les privilèges d’Israël.

 9  1 Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens point – ma conscience m’en rend témoignage dans l’Esprit Saint, – j’éprouve une grande tristesse et une douleur incessante en mon cœur. Car je souhaiterais d’être moi-même anathème, * séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race selon la chair, eux qui sont Israélites, * à qui appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et aussi les patriarches, et de qui le Christ est issu selon la chair, lequel est au dessus de tout, Dieu béni éternellement! * Amen.

Romains 9 (1-5)

          Titre. L’affirmation de la justification par la foi conduisait Paul à évoquer la justice d’Abraham, 4. De même, l’affirmation du salut donné avec l’Esprit par l’amour de Dieu l’oblige à traiter 9 11, le cas d’Israël, infidèle bien qu’il ait reçu les promesses du salut. Il ne s’agit donc pas dans ces Ch. du problème de la prédestination des individus à la gloire ou même à la foi, mais de celui du rôle historique d’Israël, le seul que posaient les affirmations de l’AT.

          Verset 3, anathème. C’est-à-dire objet de malédiction, cf Jos 6 17+ et Lv 27 28.

          Verset 4, sont Israélites. Les authentiques descendants de Jacob-Israël, Gn 32 29. De ce privilège découlent tous les autres: l’adoption filiale, Ex 4 22; Dt 7 6+; la gloire de Dieu, Ex 24 16+, qui habite au milieu du peuple, Ex 25 8+; Dt 4 7+; Jn 1 14+; les alliances avec Abraham, Gn 15 1; 15 17; 17 1+, Jacob-Israël, Gn 32 29, Moïse, Ex 24 7-8; le culte rendu au seul vrai Dieu; la Loi, expression de sa volonté; les promesses messianiques, 2 Seigneur 7 1+, et l’appartenance à la race du Christ.

          Verset 5, béni éternellement. Le contexte et le mouvement même de la phrase supposent que la doxologie s’adresse au Christ. S’il est rare que Paul donne à Jésus le titre de « Dieu », et lui adresse une doxologie, cf He 13 21, c’est qu’il réserve ordinairement ce titre au Père, cf Rm 15 6, etc., et qu’il envisage moins les personnes divines sur le plan abstrait de leur nature que sur le plan concret de leurs fonctions dans l’œuvre du salut.

–  De plus, il pense toujours au Christ historique dans sa réalité concrète de Dieu fait homme, cf Ph 2 5+ ; Col 1 15+. C’est pourquoi il le montre subordonné au Père, 1 Col 3 23 ; 11 13, tant dans l’œuvre de la création, 1 Co 8 6, que de la restauration eschatologique, 1 Co 15 27s ; cf Rm 16 27s ; etc. Cependant le titre de « Kirios » reçu par le Christ à la résurrection, Ph 2 9-11, etc., n’est rien de moins que le titre divin accordé à Yahvé dans l’AT, Rm 10 9, 13 etc.

–  Pour Paul, Jésus est essentiellement le « Fils de Dieu », Rm 1 3s, 9 ; 5 10 ; 8 29, etc., son « propre Fils », Rm 8 3, 32, le « Fils de son amour », Col 1 13, qui appartient de droit au monde divin, d’où il est venu, 1 Co 15 47, envoyé par Dieu, Rm 8 3 ; Ga 4 4. S’il a revêtu son titre de « Fils de Dieu » d’une façon nouvelle par la résurrection, Rm 1 4+ ; cf He 1 5 ; 5 5, il ne l’a pas reçu à ce moment, car il est préexistant, d’une façon non seulement scripturaire, 1 Co 10 4, mais ontologique, Ph 2 6 etc. Il est la Sagesse, 1 Co 1 24, 30, l’Image, 2 Co 4 4, par qui tout a été créé, et par qui tout a été recréé, Rm 8 29 etc., parce qu’il a rassemblé en sa personne la plénitude de la Divinité et du monde, Col 2 9+.

–  C’est en lui que Dieu a conçu tout son plan de salut, Ep 1 3, et il en est la fin aussi bien que le Père. Si le Père ressuscite et juge, lui aussi ressuscite et juge, Rm 2 16 et 1 Col 1 16, 20. Bref, il est une des Trois Personnes qui apparaissent associées dans les formules trinitaires, 2 Co 13 13+.

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1 Col 3 23 ; 11 13, 3 23 mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. ——— 11  13 Jugez-en par vous-même. Est-il convenable que la femme prie Dieu la tête découverte ? 

Ph 2 9-11,  9 Aussi Dieu l’a-t-il exalté * et lui a-t-il donné le Nom * qui est au dessus de tout nom,   10 pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, * 11 et que toute langue proclame, * de Jésus Christ, qu’il est Seigneur * à la gloire de Dieu le Père. 

1 Co 15 47,47 Le premier homme, issu du sol, est terrestre, le second, lui, vient du ciel. 48 Tel, a été le terrestre, tels seront aussi les terrestres ; tel le céleste, tels seront aussi les célestes. 

Col 2 9+. 9 Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité, * 10 et vous vous trouvez en lui associés à sa plénitude, lui qui est la Tête de toute Principauté et de toute Puissance. *

2 Co 13 13+. 13 La grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous ! 

Dieu n’est pas infidèle.

9 6 Non certes que la parole de Dieu ait failli. Car tous les descendants d’Israël ne sont pas Israël. * De même que, pour être postérité d’Abraham, tous ne sont pas ses enfants ; mais c’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom, ce qui signifie : ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, seuls comptent comme postérité les enfants de la promesse. Voici en effet les termes de la promesse : vers cette époque je viendrai et Sara aura un fils. 10 Mieux encore, Rébecca avait conçu d’un seul homme, Isaac notre père : 11 or, avant la naissance des enfants, quand ils n’avaient fait ni bien ni mal, pour que s’affirmât la liberté de l’élection divine, 12 qui dépend de celui qui appelle et non des œuvres, il lui fut dit : L’aîné servira le cadet, 13 selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et haï Ésaü.

Romains 9 (6-13)

          Verset 6, ne sont pas Israël. Ainsi les Ismaélites et surtout les Edomites, descendants d’Ésaü, Gn 36 1, ennemis par excellence d’Israël, Dt 23 8 ; Ps 137 7+.

Dieu n’est pas injuste.

9 14 Qu’est-ce à dire ? Dieu serait-il injuste ? Certes non ! 15 Car il dit à Moïse : Je fais miséricorde à qui je fais miséricorde et j’ai pitié de qui j’ai pitié. 16 Il n’est donc pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17 Car l’écriture dit au Pharaon : Je t’ai suscité * à dessein pour montrer en toi ma puissance et pour qu’on célèbre mon nom par toute la terre. 18 Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut.

 19 Tu vas donc me dire : qu’a-t-il encore à blâmer ? Qui résiste en effet à sa volonté ? * 20 Ô homme ! Vraiment, qui es-tu pour disputer avec Dieu ? L’œuvre va-t-elle dire à celui qui l’a modelée : Pourquoi m’as-tu faite ainsi ? 21 Le potier n’est-il pas maître de son argile pour fabriquer de la même pâte un vase de luxe ou un vase ordinaire ?

 22 Eh bien ! * Si Dieu voulant manifester sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de longanimité des vases de colère devenus dignes de perdition, 23 dans le dessein de manifester la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparé pour la gloire, 24 envers nous qu’il a appelés non seulement d’entre les Juifs mais encore d’entre les païens… *

Romains 9 (14-24)

          Verset 17, je t’ai suscité. Comme l’AT, Paul attribue premièrement à la causalité divine (en accentuant encore l’expression : « Je t’ai suscité ») les actions bonnes ou mauvaises des hommes, cf 1 24s.

          Verset 19, à sa volonté. Si l’indocilité de l’homme entre ainsi dans le plan divin, comment lui reprocher de ne pas accomplir la volonté de Dieu ? Paul a déjà rencontré une objection analogue, 3 7 ; 6 1, 15, et y a répondu comme ici, par une fin de non recevoir. Dieu est le maître de son œuvre. Le taxer d’injustice n’a pas de sens, cf Mt 20 15.

          Verset 22, Eh bien. Phrase difficile, à interpréter en fonction du contexte. Paul explique comment jadis l’endurcissement de Pharaon et aujourd’hui l’infidélité d’Israël, vus dans le plan divin, ne s’opposent point à la justice. Dieu aurait pu anéantir Pharaon comme il pourrait anéantir le peuple Juif ; mais il en supporte l’existence avec longanimité : ainsi (tout en leur laissant le temps du repentir, 2 4), il « manifeste sa colère » (par la multiplication même des péchés, cf 1 3, qui d’ailleurs prépare la conversion); il « fait connaître sa puissance » en triomphant des obstacles, cf v 17, aujourd’hui de l’hostilité des Juifs à l’Évangile.

–  Il exécute ainsi un dessein de miséricorde à l’égard des païens, cf 11 11, 12, 15, 30, à la conversion desquels l’entrée en masse des Juifs dans l’Église eût pu constituer un grave obstacle. En tout cas, c’est parce que les Juifs refusent d’entendre le message que Paul se tourne vers les païens, Ac 13 5. Infidélité d’ailleurs temporaire et ordonnée comme par ricochet à leur conversion future, 11 13-15, 23, 31.

          Verset 24, d’entre les païens. La phrase reste en suspens : « comment parler en ce cas d’injustice de Dieu ? ». En effet, tout s’ordonne finalement au salut des uns et des autres, cf 11 32.

Infidélité et appel prévus par l’Ancien Testament.

9  25 C’est bien ce qu’il dit à Osée : J’appellerai mon peuple celui qui n’était pas mon peuple, et bien-aimée celle qui n’était pas la bien-aimée. 26 Et au lieu même où on leur avait dit : « Vous n’êtes pas mon peuple, » on les appellera fils du Dieu vivant. * 27 Et Isaïe s’écrie en faveur d’Israël : * Quand le nombre des fils D’Israël serait comme le sable de la mer, le reste sera sauvé : 28 car sans retard ni reprise le Seigneur accomplira sa parole sur la terre. * 29 Et comme l’avait prédit Isaïe : Si le Seigneur Sabaot ne nous avait laissé un germe nous serions devenus comme Sodome, assimilés à Gomorrhe.

 30 Que conclure ? * Que des païens qui ne poursuivaient pas de justice ont atteint une justice, la justice de la foi, 31 tandis qu’Israël qui poursuivait une loi de justice, n’a pas atteint la Loi. * 32 Pourquoi ? Parce qu’au lieu de recourir à la foi ils comptaient sur les œuvres. Ils ont buté contre une pierre d’achoppement, 33 comme il est écrit : Voici que je pose en Sion une pierre d’achoppement et un rocher qui fait tomber; mais qui croit en lui ne sera pas confondu.

Romains 9 (25-33)

          Verset 26, Fils du Dieu vivant. Ainsi l’histoire d’Israël lui-même, rappelé par Dieu malgré ses infidélités, devient le type de l’appel des nations, sans aucun droit, au festin messianique.

          Verset 27, en faveur d’Israël. Les textes choisis annoncent à la fois l’infidélité d’Israël et le retour d’un « reste », cf Is 4 3, dépositaire des promesses, ils préparent ainsi le ch. 11.

Verset 28, sur la terre. Une var. (Vulg) conforme la citation au texte des LXX, que Paul abrège.

          Verset 30, que conclure. Cette conclusion introduit l’argument du Ch. Suivant : les causes de l’infidélité d’Israël vues non plus en Dieu, mais en Israël même.

          Verset 31, pas atteint la Loi. Ce que peut faire le chrétien « la Loi »; var (Vulg): « loi de justice ».