AT-11 1er LIVRE DES ROIS.

Chapitres : 1—  19  20  21 

3. GUERRES ARAMÉENNES

Siège de Samarie.

 20   1 Ben-Hadad, roi d’Aram, * rassembla toute son armée – il y avait avec lui trente-deux rois, * des chevaux et des chars – et il vint investir Samarie et lui donner l’assaut. 2 II envoya en ville les messagers à Achab, roi d’Israël, 3 et lui fit dire : Ainsi parle Ben-Hadad. Ton argent et ton or sont à moi, tes femmes et tes enfants * restent à toi. » 4 Le roi d’Israël donna cette réponse : « A tes ordres, Monseigneur le roi ! * Je suis à toi avec tout ce qui m’appartient. »

5 Mais les messagers revinrent et dirent : « Ainsi parle Ben-Hadad. Je t’ai mandé : « Donne-moi ton argent et ton or, tes femmes et tes enfants. 6 Sois sûr que demain à pareille heure, je t’enverrai mes serviteurs, ils fouilleront ta maison et les maisons de tes serviteurs, ils mettront la main sur tout ce qui leur plaira * et ils l’emporteront. »

7 Le roi d’Israël convoqua tous les anciens du pays et dit : « Reconnaissez clairement que celui-là nous veut du mal ! Il me réclame mes femmes et mes enfants, pourtant je ne lui ai pas refusé mon argent et mon or ». * 8 Tous les anciens et tout le peuple lui dirent : « N’obéis pas ! Ne consens pas ! » II donna donc cette réponse aux messagers de Ben-Hadad : « Dites à Monseigneur le roi : Tout ce que tu as demandé à ton serviteur la première fois, je le ferai ; mais cette autre exigence, je ne puis la satisfaire. » Et les messagers partirent, emportant la réponse.

10 Alors Ben-Hadad lui envoya ce message : « Que les dieux me fassent tel mal et qu’ils y ajoutent encore tel autre, s’il y a assez de poignées de décombres à Samarie pour tout le peuple qui me suit ! » 11 Mais le roi d’Israël fit cette réponse : « Dites : Que celui qui boucle son ceinturon ne se glorifie pas comme celui qui le défait ! » 12 Lorsque Ben-Hadad apprit cela – il était à boire avec les rois sous les tentes, – il commanda à ses serviteurs : « A vos postes ! » et ils prirent leurs positions contre la ville.

  • Vers 1. roi d’Haram. Ben-Hadad II, roi de la principauté araméenne de Damas, successeur de Ben-Hadad Ier, 1 R 15 18+.
  • Vers 1. trente deux rois. Des seigneurs, vassaux de Ben-Hadad, cf. v. 24.
  • Vers 3. tes enfants. Après « enfants » hébr. ajoute « bons » omis par grec. – « à toi » conj.; « à moi » hébr.
  • Vers 4. le roi. Achab fait figure de vaincu et déjà de vassal. Le siège avait été précédé par des revers Israélites (le texte n’y fait qu’une allusion, v. 34).
  • Vers 6. leur plaira. « leur plaira » versions ; « te plaira » hébr.
  • Vers 7. mon or. « pourtant… mon or » grec ; « mon argent et mon or, et je n’ai pas refusé » hébr. – D’après les corr. adoptées aux vv. 3 et 7, Achab a consenti à donner son trésor mais refusé de livrer sa famille. Si l’on garde l’hébreu, il a consenti à tout livrer mais refusé une perquisition et un pillage de la ville.

Victoire Israélite.

13 Alors un prophète vint trouver Achab, roi d’Israël, et dit : « Ainsi parle Yahvé. As-tu vu cette grande foule ? Voici que je la livre aujourd’hui en ta main et tu reconnaîtras que je suis Yahvé. » 14 Achab dit : « Par qui ? » Le prophète reprit : « Ainsi parle Yahvé : Par les cadets des chefs des districts. » Achab demanda : « Qui engagera le combat ? » Le prophète répondit : « Toi. » *

15 Achab passa en revue les cadets des chefs des districts. Ils étaient deux cent trente-deux. Après eux, il passa en revue toute l’armée, tous les Israélites, ils étaient sept mille. 16 Ils firent une sortie à midi, alors que Ben-Hadad était à s’enivrer sous les tentes, lui et ces trente-deux rois, ses alliés. 17 Les cadets des chefs des districts sortirent d’abord. On envoya dire à Ben-Habad : « Des hommes sont sortis de Samarie. » 18 II dit : « S’ils sont sortis pour la paix, prenez-les vivants, et s’ils sont sortis pour le combat, prenez-les vivants aussi ! » 19 Donc ceux-ci sortirent de la ville, les cadets des chefs des districts, puis l’armée derrière eux, 20 et ils frappèrent chacun son homme. Aram s’enfuit et Israël le poursuivit ; Ben-Hadad, roi d’Aram, se sauva sur un cheval d’attelage. * 21 Alors le roi d’Israël sortit ; il prit * les chevaux et les chars et infligea à Aram une grande défaite.

  • Vers 14. Toi. Dieu est consulté sur la manière de mener le combat, 22 5s ; cf. Jg 1 1s ; 20 18 ; voir Ex 33 7+ et 1 S 14 18.
  • Vers 20. d’attelage. « d’attelage » grec ; « et des cavaliers » hébr.
  • Vers 21. il prit. « prit » grec ; « frappa » hébr.

Intermède.

22 Le prophète s’approcha du roi d’Israël et lui dit : « Allons ! Prends courage et considère bien ce que tu dois faire, car au retour de l’année le roi d’Aram marchera contre toi. »

23 Les serviteurs du roi d’Aram lui dirent : « Leur Dieu est un Dieu des montagnes, c’est pourquoi ils l’ont emporté sur nous. Mais combattons-les dans le plat pays et sûrement nous l’emporterons sur eux. 24 Fais donc ceci : destitue ces rois et mets des préfets à leur place. 25 Pour toi, recrute une armée aussi grande que celle qui t’a abandonné, avec autant de chevaux et autant de chars ; puis combattons-les dans le plat pays et sûrement nous l’emporterons sur eux. » II écouta leur avis et fit ainsi.

Victoire d’Apheq.

26 Au retour de l’année, * Ben-Hadad mobilisa les Araméens et monta à Apheq pour livrer bataille à Israël. 27 Les Israélites furent mobilisés et ravitaillés, et ils marchèrent à leur rencontre. Campés en face d’eux, les Israélites étaient comme deux troupeaux de chèvres, tandis que les Araméens couvraient le pays.

28 L’homme de Dieu * aborda le roi d’Israël et dit : « Ainsi parle Yahvé. Parce qu’Aram a dit que Yahvé était un Dieu des montagnes et non un Dieu des plaines, je livrerai en ta main toute cette grande foule et tu sauras que je suis Yahvé. » 29 Ils campèrent sept jours les uns en face des autres. Le septième jour, le combat s’engagea et les Israélites massacrèrent les Araméens, cent mille hommes de pied * en un seul jour. 30 Le reste s’enfuit à Apheq, dans la ville, mais le rempart s’écroula sur les vingt-sept mille hommes qui restaient.

Or Ben-Hadad avait pris la fuite et s’était réfugié en ville dans une chambre retirée. 31 Ses serviteurs lui dirent : « Vois ! Nous avons entendu dire que les rois d’Israël étaient des rois miséricordieux. Nous allons mettre des sacs sur nos reins et des cordes autour de nos têtes * et nous nous rendrons au roi d’Israël ; peut-être te laissera-t-il la vie sauve. »

32 Ils ceignirent de sacs leurs reins et de cordes leurs têtes, allèrent auprès du roi d’Israël et dirent : « Ton serviteur Ben-Hadad parle ainsi : Puissè-je vivre ! » II répondit : « II est donc encore vivant ? Il est mon frère ! » * 33 Les hommes en augurèrent bien et ils se hâtèrent de le prendre au mot en disant : « Ben-Hadad est ton frère. » Achab reprit : « Allez le chercher. » Ben-Hadad se rendit à lui et celui-ci le fit monter sur son char. 34 Ben-Hadad lui dit : « Je restituerai les villes que mon père a prises à ton père ; tu établiras pour toi des bazars à Damas, comme mon père en avait à Samarie. » – « Pour moi, dit Achab, * je te laisserai libre moyennant un traité. » Achab conclut un traité avec lui et le laissa libre.

  • Vers 26. retour de l’année. L’équinoxe de printemps, cf. 2 S 11 1.
  • Vers 28. de Dieu. Le prophète des w. 13 et 22. – « tu sauras » grec ; « vous saurez » hébreu.
  • Vers 29. de pieds. Chiffre fantastique, comme le suivant ; c’est de l’histoire populaire.
  • Vers 31. de nos têtes. Signes de deuil et de pénitence.
  • Vers 32. mon frère. Les rois vassaux se disaient « serviteurs » de leur suzerain, les rois de même puissance se traitaient mutuellement de « frères ». Ben Hadad maintenant s’avoue vaincu, mais Achab refuse son hommage, et les messagers, entendant cette appellation de « frère » devinent que la cause de leur maître est gagnée.
  • Vers 34. dit Achab. « dit Achab » est ajouté pour le sens.

Un prophète condamne la conduite d’Achab.

35 Un des frères prophètes dit à son compagnon, par ordre de Yahvé : « Frappe-moi ! » mais l’homme refusa de le frapper. 36 Alors il lui dit : « Parce que tu n’as pas obéi à la voix de Yahvé, dès que tu m’auras quitté, le lion te tuera ; » comme il s’éloignait, il rencontra le lion, qui le tua. * 37 Le prophète alla trouver un autre homme et dit : « Frappe-moi ! » L’homme le frappa et le blessa. * 38 Le prophète s’en alla et attendit le roi sur le chemin – il s’était rendu méconnaissable avec un bandeau au-dessus des yeux.

39 Comme le roi passait, il lui cria : « Ton serviteur marchait au combat quand quelqu’un a quitté les rangs et m’a amené un homme en disant : « Garde cet homme ! S’il vient à manquer, ta vie sera pour sa vie ou tu paieras un talent d’argent. » 40 Or, pendant que ton serviteur était occupé ici et là, l’autre a disparu. » Le roi d’Israël lui dit : « Voilà ton jugement ! Tu l’as toi-même prononcé. » 41 Aussitôt celui-ci enleva le bandeau qu’il avait au-dessus des yeux, et le roi d’Israël reconnut qu’il était l’un des prophètes. * 42 II dit au roi : « Ainsi parle Yahvé. Parce que tu as laissé échapper l’homme qui m’était voué par anathème, ta vie répondra pour sa vie, et ton peuple pour son peuple. » 43 Et le roi d’Israël s’en alla sombre et irrité, et il rentra à Samarie.

  • Vers 36. qui le tua. Histoire semblable, dans le même style populaire, en 1 R 13 24s : toute désobéissance, même pour des motifs louables, à la parole de Dieu ou d’un homme de Dieu est punie : conception inférieure qui n’est pas celle des grands prophètes, mais qui reflète l’état d’esprit des anciens groupes d’inspirés.
  • Vers 37. le blessa. Cette blessure doit aider le prophète à se faire passer pour un combattant, v. 39.
  • Vers 41. des prophètes. Les prophètes avaient peut-être un signe distinctif sur le front : tatouage, incision ou tonsure (cf. 2 R 2 23).