30/09 Introductions diverses

TABLE DES MATIERES

  • INTRODUCTION AUX ÉVANGILES SYNOPTIQUES. PAGE 1
  • L’Évangile selon saint Marc. PAGE 2
  • L’Évangile selon saint Matthieu. PAGE 3
  • L’Évangile selon saint Luc. PAGE 4
  • INTRODUCTION à L’ÉVANGILE ET AUX ÉPÎTRES JOHANNIQUES.
  • (1) À L’ÉVANGILE. de Jean PAGE 5
  • (2) AUX ÈPÎTRES.  de Jean  PAGE   6              
  • INTRODUCTION AUX ÈPÎTRES de PAUL PAGE 7
  • INTRODUCTION AUX ACTES DES APÔTRES PAGE 8
  • INTRODUCTION AUX ÈPÎTRES CATHOLIQUES PAGE 9
  • INTRODUCTION À L’APOCALYPSE PAGE 10
  • CALENDRIER ANCIEN PAGE 11
  • TABLEAU  CHRONOLOGIQUE PAGE 12

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(1) INTRODUCTION AUX ÉVANGILES SYNOPTIQUES.

            La genèse littéraire respecte et utilise en les précisant les données de la Tradition. Elle ne permet pas cependant d’assigner à chacun des trois synoptiques une date précise, pas plus d’ailleurs que la Tradition ne fournit de renseignements fermes sur ce point. En laissant le temps voulu pour le développement de la tradition orale, on peut conjecturer que la rédaction de l’Évangile primitif, et ensuite le Recueil complémentaire, à dû se produire entre les années 40 et 50; cette date ancienne serait même assez garantie, s’il était prouvé que les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, écrites vers 51 – 52, ont utilisé le discours apocalyptique du premier Évangile. Si Marc a écrit vers la fin de la vie de saint Pierre (Clément d’Alexandrie) ou peu après sa mort (Irénée), son évangile doit se placer aux environs de l’an 64, en tout cas avant l’an soixante dix car il ne parait pas supposer que la ruine de Jérusalem soit déjà consommée. Les ouvrages de Matthieu grec et de Luc lui sont postérieurs, mais leur date exacte est difficile à préciser.

Celui de Luc est supposé par le livre des Actes, Ac 11, mais la date de ce dernier est également incertaine (cf l’introduction aux actes) et ne fournit pas un repère assuré. Par ailleurs, ni Matthieu grec ni Luc ne supposent que la ruine de Jérusalem est un fait accompli (pas même Luc 19 42-44 ;21 20-24qui utilise les clichés prophétiques pour décrire cet événement aisé à prévoir); ce peut être par souci d’archaïsme et respect consciencieux de leurs sources, auxquels cas il serait permis de reporter leur rédaction après cette ruine, vers 80 par exemple ; ce peut être aussi parce qu’ils n’ont réellement pas connu cette ruine, et alors on devra les maintenir avant 70.

            De toute façon l’origine apostolique, directe ou indirecte, et la genèse littéraire des trois synoptiques justifient leur valeur historique, tout en permettant d’apprécier comment il faut l’entendre. Dérivés d’une prédication orale qui remonte aux débuts de la communauté primitive, ils ont à leur base la garantie des témoins oculaires. Assurément ni les apôtres ni les autres prédicateurs et narrateurs évangéliques n’ont cherché à faire de « l’histoire », au sens technique de ce mot ; leur propos était moins profane et plus théologique, ils ont parlé pour convertir et édifier, inculquer et éclairer la foi, la défendre contre les adversaires. Mais ils l’ont fait à l’aide de témoignages véridiques et contrôlables, exigés tant par la probité de leur conscience que par le souci de ne pas donner prise aux réfutations hostiles. Les rédacteurs évangéliques qui ont ensuite consigné et rassemblé leurs témoignages l’ont fait avec le même soin d’honnête objectivité qui respecte les sources, comme le prouvent bien la simplicité et l’archaïsme de leurs composition, où se mêlent si peu des élaborations théologiques postérieures, d’un saint Paul par exemple, pour ne pas parler des créations légendaires et invraisemblables dont fourmilleront les évangiles apocryphes. Si les trois synoptiques ne sont pas des « livres d’histoire », ils n’en prétendent pas moins ne fournir que de l’historique.

            Ce n’est pas à dire cependant que chacun des faits ou des dits qu’ils rapportent peut être pris pour une reproduction rigoureusement exacte de ce qui s’est passé dans la réalité. Les lois inévitables de tout témoignage humain et de sa transmission dissuadent d’attendre une telle exactitude matérielle, et les faits contribuent à cette mise en garde, puisque nous voyons le même récit ou la même parole transmis de façon différente par les différents évangiles. Ceci, qui vaut pour le contenu des divers épisodes, vaut à plus forte raison pour l’ordre dans lequel ils se trouvent organisés entre eux. Cet ordre varie selon les évangiles, et c’est ce qu’on devait attendre de leur genèse complexe, selon laquelle les éléments transmis d’abord isolément se sont peu à peu amalgamés et groupés, rapprochés ou dissociés, pour des motifs plus logiques et systématiques que chronologiques. Il faut reconnaître que bien des faits ou des mots évangéliques ont perdu leur attache première dans le temps ou le lieu, et l’ont aurait tort souvent de prendre en rigueur des connexions rédactionnelles telles que: « alors », « ensuite », « ce jour là », « en ce temps là », etc.

            Mais ces constatations ne portent aucun préjudice pour la foi des chrétiens, à l’autorité de ces livres inspirés. Si l’Esprit Saint n’a pas donné à ses interprètes d’atteindre une parfaite uniformité dans le détail, c’est qu’il n’accordait pas à la précision matérielle d’importance pour la foi. Bien plus, c’est qu’il voulait cette diversité dans le témoignage. « Mieux vaut accord tacite que manifeste », a dit Héraclite. Un fait qui nous est attesté par des traditions diverses et même discordantes (que l’on songe aux apparitions après la résurrection) revêt dans sa substance profonde une richesse et une solidité qu’une attestation parfaitement cohérente, mais ne rendant qu’un son ne saurait lui donner. Et même quand la diversité des témoignages ne vient pas seulement des accidents inévitables de leur transmission, mais résulte de corrections intentionnelles, ceci encore est un gain. Il n’est pas douteux que dans bien des cas les rédacteurs évangéliques ont voulu consciemment présenter les choses de façons différentes ; et, avant eux, la tradition orale dont ils sont les héritiers n’a pas transmis les souvenirs évangéliques sans les interpréter et les adapter de diverses manières aux besoins de la foi vivante dont ils étaient porteurs. Mais cette intervention de la communauté dans la formation de la tradition s’est faite sous la direction des ses responsables ; et, loin de nous inquiéter, elle doit nous profiter, car cette communauté était l’Église, dont ces responsables représentaient le premier magistère. L’Esprit Saint qui devait inspirer les auteurs évangéliques présidait déjà à tout ce travail d’élaboration préalable et le guidait dans l’épanouissement de la foi, garantissant ses résultats de cette véritable inhérence qui ne porte pas tant sur la matérialité des faits que sur le message spirituel dont ils sont chargés. L’Esprit préparait ainsi une nourriture assimilable aux fidèles ; et c’est lui qui a donné particulièrement aux trois évangélistes de présenter chacun le message commun d’une façon qui lui est propre.