AT-07 LES JUGES.

Chapitres : Pages : 1—  20  21-

Remords des Israélites. *

21   1 Les gens d’Israël avaient prononcé ce serment à Miçpa : « Personne d’entre nous ne donnera sa fille en mariage à Benjamin. » 2 Le peuple se rendit à Béthel, il resta là assis devant Dieu jusqu’au soir, poussant des gémissements et pleurant à gros sanglots : 3 « Yahvé, Dieu d’Israël, disaient-ils, pourquoi faut-il qu’en Israël manque aujourd’hui une tribu d’Israël ? » * 4 Le lendemain, le peuple se leva de bon matin et construisit là un autel ; il offrit des holocaustes et des sacrifices de communion. 5 Puis les Israélites dirent : « Qui d’entre toutes les tribus d’Israël n’est pas venu à l’assemblée auprès de Yahvé ? » Car en un serment solennel on avait déclaré que quiconque ne monterait pas à Miçpa auprès de Yahvé mourrait certainement.

6 Or les Israélites furent pris de pitié pour Benjamin leur frère : « Aujourd’hui, disaient-ils, une tribu a été retranchée d’Israël. 7 Que ferons-nous pour procurer des femmes à ceux qui restent, puisque nous avons juré par Yahvé de ne pas leur donner de nos filles en mariage ? »

  •                Titre. Ce ch. juxtapose deux traditions, reliées par les derniers mots du v. 14. Il est vraisemblable que la première provient du sanctuaire de Miçpa, et la seconde de celui de Béthel, mais la part du rédacteur postexilique est si grande qu’il est difficile d’avoir une certitude. L’affaire de Yabesh de Galaad sert à expliquer les liens qui existaient entre cette ville et Benjamin à l’époque de Saül, cf. 1 S 11 1 ; 30 11-13. L’histoire du rapt des filles de Silo utilise un souvenir cultuel : une vieille fête des vendanges, à laquelle participaient les filles en quête d’un mari.
  •                Vers 3. d’Israël. Les conflits entre les tribus ne suppriment pas le sentiment de solidarité qui cimente le peuple d’Israël, et que le rédacteur postexilique souligne en parlant plusieurs fois de la « communauté ».

Les vierges de Yabesh données aux Benjaminites.

8 Ils s’informèrent alors : « Quel est celui d’entre les tribus d’Israël, qui n’est pas monté auprès de Yahvé à Miçpa ? » Et il se trouva que personne de Yabesh en Galaad n’était venu au camp, à l’assemblée. 9 Le peuple s’était en effet compté et il n’y avait là personne d’entre les habitants de Yabesh en Galaad. 10 Alors la communauté y envoya douze mille hommes d’entre les vaillants avec cet ordre : « Allez, et vous passerez au fil de l’épée les habitants de Yabesh en Galaad, ainsi que les femmes et les enfants. 11 Voici ce que vous ferez : vous vouerez à l’anathème tous les mâles et toutes les femmes qui ont connu la couche d’un homme, mais vous laisserez la vie aux vierges. » Et c’est ce qu’ils firent. 12 Parmi les habitants de Yabesh de Galaad ils trouvèrent quatre cents jeunes filles vierges, qui n’avaient pas partagé la couche d’un homme, et ils les emmenèrent au camp (à Silo qui est au pays de Canaan).

13 Toute la communauté envoya alors des émissaires aux Benjaminites qui se trouvaient au Rocher de Rimmôn pour leur proposer la paix. 14 Benjamin revint alors. On leur donna parmi les femmes de Yabesh en Galaad celles qu’on avait laissé vivre, mais il n’y en eut pas assez pour tous.

Le rapt des filles de Silo.

15 Le peuple fut pris de pitié pour Benjamin, parce que Yahvé avait fait une brèche parmi les tribus d’Israël. 16 « Que ferons-nous pour procurer des femmes à ceux qui restent, disaient les anciens de la communauté, puisque les femmes de Benjamin ont été exterminées ? » 17 Ils ajoutaient : « Comment conserver un reste * à Benjamin pour qu’une tribu ne soit pas effacée d’Israël ? 18 Car, pour nous, nous ne pouvons plus leur donner nos filles en mariage. » Les Israélites avaient en effet prononcé ce serment : « Maudit soit celui qui donnera une femme à Benjamin ! »

19 « Mais il y a, dirent-ils, la fête de Yahvé qui se célèbre chaque année à Silo. » * (La ville se trouve au nord de Béthel, à l’orient de la route qui monte de Béthel à Sichem et au sud de Lebona.) 20 Ils recommandèrent donc aux Benjaminites : « Allez vous mettre en embuscade dans les vignes. 21 Vous guetterez et, lorsque les filles de Silo sortiront pour danser en chœurs, vous sortirez des vignes, vous enlèverez pour vous chacun une femme parmi les filles de Silo et vous vous en irez au pays de Benjamin. 22 Si leurs pères ou leurs frères viennent nous chercher querelle, nous leur dirons : Accordez-les nous, car nous n’avons pas pu prendre de femme pour chacun dans le combat ; et vous ne pouviez pas les leur donner, car alors vous auriez été coupables. » *

23 Ainsi firent les Benjaminites, et, parmi les danseuses qu’ils avaient enlevées, ils prirent un nombre de femmes égal au leur, puis ils partirent, revinrent dans leur héritage, rebâtirent les villes et s’y établirent. 24 Les Israélites se dispersèrent alors pour regagner chacun sa tribu et son clan, et s’en retournèrent de là chacun dans son héritage. 25 En ce temps-là il n’y avait pas de roi en Israël et chacun faisait ce qui lui semblait bon. *

  •                Vers 17. un reste. « Comment conserver un reste », litt. « faire rester des rescapés », avec une partie du grec ; « l’héritage des rescapés » hébr.
  •                Vers 19. à Silo. Fête cananéenne, cf. 9 27, qui fut identifiée à la fête de la Récolte, Ex 23 16, ou à la fête des Tentes, Dt 16 13.
  •                Vers 22. coupables. Ce v. dont le texte est d’ailleurs obscur, paraît faire allusion à l’affaire de Yabesh et au serment de Miçpa, et doit être rédactionnel.
  •                Vers 25. semblait bon. Le récit de 19 1 – 21 25 est encadré par la même remarque qu’à 17 6 et 18 1. Elle est peut-être ici de la main du rédacteur ; elle est peut-être une réflexion des prêtres du sanctuaire officiel de Béthel, qui portent le même jugement que les prêtres du sanctuaire royal de Dan dans l’histoire précédente, cf. 17 1+.
Fin du livre des juges.

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