AT-25 L’ECCLÉSIASTE (Qohélet)

Chapitres : 1— 2  3  4 

La mort. *

3 1 Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel. 2 Un temps pour enfanter, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher le plant. 3 Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire, et un temps pour bâtir. 4 Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser.

5 Un temps pour lancer des pierres, et un temps pour en ramasser ; un temps pour embrasser, et un temps pour s’abstenir d’embrassements. 6 Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter, 7 Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler.

8 Un temps pour aimer, et un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix. 9 Quel profit celui qui travaille trouve-t-il à la peine qu’il prend ? 10 Je regarde la tâche que Dieu donne aux enfants des hommes 11 a tout ce qu’il fait convient en son temps. Il a mis dans leur cœur l’ensemble du temps, * mais sans que l’homme puisse saisir ce que Dieu fait, du commencement à la fin.

12 Et je sais qu’il n’y a pas de bonheur pour l’homme, * sinon dans le plaisir et le bien-être durant sa vie. 13 Et si un homme mange, boit et trouve le bonheur dans son travail, cela est un don de Dieu. 14 Je sais que tout ce que Dieu fait sera pour toujours. * A cela il n’y a rien à ajouter, de cela il n’y a rien à retrancher, et Dieu fait en sorte qu’on le craigne.

15 Ce qui est fut déjà ; ce qui sera est déjà. Or Dieu recherche le persécuté. * 16 Je regarde encore sous le soleil : à la place du droit, là se trouve le crime, à la place du juste * se trouve le criminel ; 17 et je me dis en moi-même : le juste et le criminel, Dieu les jugera, car il y a un temps pour toutes choses et pour toute action ici.

18 Je me dis en moi-même, en ce qui concerne les enfants des hommes : c’est pour que Dieu les éprouve et leur montre qu’ils sont des bêtes, * 19 Car le sort de l’homme et le sort de la bête sont un sort identique : comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, et c’est un même souffle qu’ils ont tous les deux. La supériorité de l’homme sur la bête est nulle, car tout est vanité.

20 Tout s’en va vers un même lieu : tout vient de la poussière, tout s’en retourne à la poussière. 21 Qui sait si le souffle de l’homme monte vers le haut et si le souffle de la bête descend en bas, vers la terre ? * 22 Je vois qu’il n’y a de bonheur pour l’homme qu’à se réjouir de ses œuvres, car c’est là sa part. Qui donc l’emmènera voir ce qui sera après lui ?

  • Titre. La mort. La moitié des occupations de l’homme est sinistre, la moitié de ses gestes, des gestes de deuil. La mort a déjà mis son empreinte sur la vie. Celle-ci est une suite d’actes décousus, vv. 1-8, sans but, vv. 9-13, sinon la mort, qui elle-même n’a aucun sens, vv. 14-22.
  • Vers 11. du temps. Ou : « Dieu a mis dans leur cœur l’éternité », mais cette phrase n’a pas le sens qu’elle prendrait dans le vocabulaire chrétien. Elle veut dire seulement : Dieu a donné au cœur (à la pensée) de l’homme l’ensemble de la durée, il lui a permis de réfléchir sur la suite des faits et de dominer le moment présent. Mais l’auteur ajoute que cet aperçu est décevant : il ne révèle pas le sens de la vie.
  • Vers 12. pour l’homme. « pour l’homme » ba ‘adam, cf. 2 24, « pour eux » bain hébr.
  • Vers 14. pour toujours. Dans la théorie de la rétribution, la mort est le châtiment du péché. Pour Qohélet, la mort tient simplement à la condition humaine ; la vertu et la justice n’ont rien à y voir. Le sort de l’homme est celui de la bête. Et même dans le domaine de la justice règne la loi du plus fort, vv. 16,18. Pourtant Dieu, lui, préfère le faible, v. 15 b.
  • Vers 15. le persécuté. « persécuté » : c’est le sens que donne à ce mot, litt. « poursuivi », le midrash Qohélet Rabba.
  • Vers 16. du juste. « juste » grec, Targ.; « justice » hébr.
  • Vers 18. des bêtes. « et leur montre » grec, syr.; « et qu’ils voient » hébreu. – A la fin du v., hébr. ajoute deux mots, litt. v eux, pour eux », qu’on pourrait peut-être comprendre « les uns pour les autres ». Mais le contexte n’est guère en faveur de cette traduction : comme l’indique la suite, la comparaison avec les bêtes ne cherche pas à suggérer la méchanceté, mais l’impossibilité d’échapper a la mort
  • Vers 21. vers la terre. Ce doute lancé au passage suffit à donner toute son épouvante à la mort. Le dernier mot du livre est d’un pessimisme moins radical : la vie de l’homme retourne à Dieu qui l’a donnée, 12 7.