30/03 La prière. La tentation. Le baptême. Le Corps.

LA PRIERE.

Aux vues de Dieu. À la suite de Jésus, et conformément à l’usage des premiers chrétiens, Paul recommande souvent de prier sans cesse. Il prie lui même sans relâche pour ses fidèles, de même qu’il leur demande de prier pour lui, et les uns pour les autres, pour les frères pécheurs, et malades. Outre les grâces de progrès spirituels, ces prières demandent l’éloignement des obstacles extérieurs, et intérieurs, ainsi que le bien de l’ordre social.
Paul insiste beaucoup sur la prière d’action de grâces, qui doit accompagner toute action, en particulier les repas. Lui-même commence par elle toutes ses lettres, et veut qu’elle pénètre les relations des chrétiens entre eux. La prière d’eucharistie et de louange est l’âme des assemblées liturgiques, où les frères s’édifient mutuellement par des cantiques inspirés.
Car la prière chrétienne a sa source dans l’Esprit Saint : plutôt que de reprendre les thèmes sapientiels traditionnels sur les conditions et l’efficacité de la prière. Paul la garantit par la présence de l’Esprit du Christ dans le chrétien, qui le fait prier comme un fils, tandis que le Christ lui-même, à la droite de Dieu, intercède pour nous. Aussi le Père exauce-t-il avec surabondance. Les chrétiens sont ceux qui invoquent le nom de Jésus Christ. Sur l’attitude extérieure dans la prière : (Voir 1 Co 11 4-16 ; 1 Tm 2 8.)
Les évangélistes, surtout Luc, notent souvent que Jésus prie dans la solitude ou la nuit, au moment des repas, et lors d’événements importants : au baptême, avant le choix des Douze, l’enseignement du Pater et la confession de Césarée, à la Transfiguration, à Gethsémani, sur la croix. Il prie pour ses bourreaux, pour Pierre, pour ses disciples et ceux qui les suivront, il prie aussi pour lui-même. Ces prières manifestent un commerce permanent avec le Père, qui ne le laisse jamais seul, et l’exauce toujours. Par exemple comme par son enseignement, Jésus a inculqué à ses disciples la nécessité et la façon de prier. À présent dans la gloire, il continue d’intercéder pour les siens, comme il l’a promis. (Jean 14 16.)

LA TENTATION.

Tenter, c’est d’abord éprouver, mettre à l’épreuve, reconnaître la réalité derrière les apparences. Dieu « tente » l’homme, bien qu’il le connaisse à fond, pour lui donner l’occasion de manifester l’attitude profonde de son cœur. Mais cette épreuve est souvent provoquée par des circonstances extérieures, ou encore par le Diable, le « Tentateur », ou par la convoitise, ce qui donne au mot le sens d’une séduction, d’une attirance vers le mal, dont le fidèle peut néanmoins triompher avec l’aide de Dieu, Jésus a voulu lui-même être tenté pour renforcer ainsi sa soumission à la volonté du Père. Quant à l’homme qui « tente » Dieu, son attitude est blasphématoire.

LE BAPTÊME

Le baptême d’Esprit, déjà annoncé par Jean Baptiste, est ici promis par Jésus, sera inauguré par l’effusion de la Pentecôte. Ensuite, selon l’ordre du Christ, les apôtres continueront à administrer le baptême d’eau, comme rite d’initiation au royaume messianique, mais ils le conféreront au « nom de Jésus », et par la foi en l’œuvre accomplie par le Christ, il aura désormais le pouvoir efficace de pardonner les péchés et de donner le Saint Esprit.
On voit par ailleurs apparaître, en connexion avec ce Baptême d’eau chrétien, un autre rite, d’imposition des mains, ordonné à une communication visible et charismatique de l’Esprit, analogue à celle de la Pentecôte. Rite qui est à l’origine du sacrement de confirmation. À coté de ces sacrements chrétiens, le baptême de Jean a continué d’être pratiqué quelques temps par certains fidèles imparfaitement instruits. (Actes 19 3.)

Le baptême ne s’oppose pas à la foi, mais l’accompagne, et l’exprime sur le plan sensible par le symbolisme efficace de son rite. Aussi Paul leur attribue-t-il les mêmes effets (comp. Ga 2 16-20 et Rm 6 3-9). La « plongée » (sens étymologique de « baptiser ») par immersion dans l’eau ensevelit le pécheur dans la mort du Christ, d’où il sort par la résurrection avec lui, comme « nouvelle créature ». « homme nouveau », Ep 2 15+, membre du Corps unique animé de l’Esprit unique.
Cette résurrection qui ne sera totale et définitive qu’à la fin des temps, (mais cf Ep 2 6) se réalise dès à présent par une vie nouvelle selon l’Esprit. – Outre le symbolisme plus spécialement paulinien de mort et de résurrection, ce rite primordial de la vie chrétienne, est aussi présent dans le N.T. comme un bain qui purifie, comme une nouvelle naissance, comme une illumination. Sur baptême d’eau et baptême d’Esprit, cf Ac 1 5+ ; ces deux aspects de la consécration chrétienne paraissent être « l’onction » et le « sceau » . D’après 1 P 3 21 l’arche de Noé fut un type du baptême.

LE CORPS.

Corps psychique. Pour Paul comme pour la tradition biblique, la psyché (hébreu « nephest »,) est le principe vital qui anime le corps humain. Elle est sa « vie », Son âme vivante, et peut servir à désigner tout l’homme, Mais elle reste un principe naturel, qui doit s’effacer devant le « pneuma » pour que l’homme retrouve la vie divine.
Cette substitution qui s’ébauche déjà durant la vie mortelle par le don de l’Esprit, obtient sont plein effet après la mort. Alors que la philosophie grecque attendait une survie immortelle de l’âme supérieure (noûs) seule, enfin affranchie du corps. Le christianisme ne conçoit l’immortalité que dans la restauration intégrale de l’homme, c’est-à-dire dans la résurrection du corps par l’Esprit, principe divin que Dieu avait retiré à l’homme à la suite du péché, et qu’il lui rend par l’union au Christ ressuscité, homme céleste et Esprit vivifiant.
– De « psychique » le corps devient alors « pneumatique », incorruptible, immortel, glorieux, affranchi des lois de la matière terrestre, et de ses apparences, – En un sens plus large, la « psyché » peut désigner par opposition au corps, le siège de la vie morale et des sentiments, et même l’âme spirituelle et immortelle. (voir Romains)

Tout en utilisant l’apologue qui compare la société à un corps uni dans ses membres divers. Paul ne lui doit pas son idée du Corps du Christ. Elle lui vient en effet de sa loi primordiale, à Jésus ressuscité dans son corps, vivifié par l’Esprit, et prémices du monde nouveau, auquel les chrétiens se rattachent dans leurs corps mêmes, par les rites du baptême, et de l’Eucharistie. Ils deviennent ainsi ses « membres », qui tous rattachés à son Corps personnel constitues avec lui le Corps du Christ que nous appelons « mystique. Cette doctrine d’un grand réalisme qui apparaît déjà en se retrouve dans les épîtres de la captivité et s’y développe.
C’est bien toujours dans le Corps du Christ crucifié selon la chair et vivifié par l’Esprit, que s’opère la réconciliation des hommes, qui sont ses membres. Mais l’unité de ce Corps qui rassemble tous les chrétiens dans un même Esprit, et son identification avec l’Église, sont plus accentuées. Ainsi personnalisé, il a désormais le Christ comme tête, sans doute par influence de l’idée du Christ Tête des Puissances. Enfin, il va jusqu’à englober d’une certaine manière tout l’univers rassemblé sous la domination du Kyrios. (Voir : Romains ; Éphésiens ; Colossiens…)