30/04 Le Fils de Dieu. Le péché. Le Royaume des Cieux. Les saints.

LE FILS DE DIEU.

Béni éternellement. Le contexte et le mouvement même de la phrase supposent que la doxologie s’adresse au Christ. S’il est rare que Paul donne à Jésus le titre de « Dieu », et lui adresse une doxologie, c’est qu’il réserve ordinairement ce titre au Père, et qu’il envisage moins les personnes divines sur le plan abstrait de leur nature que sur le plan concret de leurs fonctions dans l’œuvre du salut.
– De plus, il pense toujours au Christ historique dans sa réalité concrète de Dieu fait homme. C’est pourquoi il le montre subordonné au Père, tant dans l’œuvre de la création, que de la restauration eschatologique. Cependant le titre de « Kirios » reçu par le Christ à la résurrection, n’est rien de moins que le titre divin accordé à Yahvé dans l’A.T.

– Pour Paul, Jésus est essentiellement le « Fils de Dieu », son « propre Fils », le « Fils de son amour », qui appartient de droit au monde divin, d’où il est venu, envoyé par Dieu. S’il a revêtu son titre de « Fils de Dieu » d’une façon nouvelle par la résurrection, il ne l’a pas reçu à ce moment, car il est préexistant, d’une façon non seulement scripturaire, mais ontologique. Il est la Sagesse, l’Image, par qui tout a été créé, et par qui tout a été recréé, parce qu’il a rassemblé en sa personne la plénitude de la Divinité et du monde. C’est en lui que Dieu a conçu tout son plan de salut, et il en est la fin aussi bien que le Père. Si le Père ressuscite et juge, lui aussi ressuscite et juge, Bref, il est une des Trois Personnes qui apparaissent associées dans les formules trinitaires. (Voir épître Romains.)

Le Fils de l’homme. Ce titre qui apparaît que dans les évangiles, Jésus se l’est certainement donné lui-même avec une prédilection, tantôt pour décrire ses abaissements, notamment ceux de la Passion, tantôt pour annoncer son triomphe eschatologique de résurrection, de retour glorieux, et de jugement Car ce titre de saveur araméenne, qui signifie primitivement « homme », Ex 2 1+, attirait l’attention, par son tour singulier, sur l’humilité de sa condition humaine.
Mais en même temps, appliquée par Dn 7 13+ et à sa suite par l’apocalyptique juive (Hénok) au personnage transcendant, d’origine céleste, qui recevrait de Dieu le royaume eschatologique, il suggérait, de façon mystérieuse, mais suffisamment claire, le vrai caractère de son messianisme. La déclaration explicite devant le Sanhédrin, 26 64+, devait d’ailleurs dissiper toute équivoque.

Le Péché.

Le Christ a libéré l’homme du mal pour le rendre à Dieu. À coté du thème biblique de la « rédemption » et de celui de la libération par la mort. Paul recourt volontiers, pour exprimer cette idée, à l’image, si parlante à son époque, de l’esclave racheté et affranchi, qui ne peut plus être remis en esclavage, mais se doit de servir fidèlement son nouveau maître. En nous rachetant au prix de son sang, le Christ nous a affranchis et appelés à la liberté. Désormais libéré de ses anciens maîtres, le péché ; la Loi, avec ses observances matérielles. Il est libre, fils de la femme libre, la Jérusalem d’en haut.
Cette liberté ne signifie cependant pas libertinage. Elle doit être un service du nouveau maître, Dieu, le Christ Kyrios, auquel le fidèle appartient désormais, et pour qui il vit et meurt. service qui se fait dans l’obéissance de la foi pour la justice et la sainteté. Cette liberté des fils, affranchis par la « loi de L’Esprit peut même avoir à sacrifier ses franchises légitimes pour devenir un service du prochain si la charité, et le respect des autres consciences le demandent. quand au régime social de l’esclavage, s’il peut encore être toléré dans ce monde qui passe, il n’a plus du moins aucune valeur dans l’ordre nouveau instauré par le Christ. l’esclave chrétien est un affranchi du Seigneur, lui et son maître sont également des serviteurs du Christ. (Voir épître aux Romains).

Le péché habite dans l’homme, Rm 7 14-24 ; or la mort, châtiment du péché, est entrée dans le monde à la suite de la faute d’Adam ; Paul en conclut que le péché lui-même est entré dans l’humanité par le moyen de cette faute initiale : c’est la doctrine du Péché originel. Elle intéresse ici l’Apôtre par le parallèle qu’elle lui procure entre l’œuvre néfaste du premier Adam et la réparation surabondante du « dernier Adam ». C’est comme nouveau chef de race, image en qui Dieu restaure sa création, Rm 8 29 ; que le Christ sauve l’humanité.

LE ROYAUME DES CIEUX.

La Royauté de Dieu sur le peuple élu, et par lui sur le monde, est au centre de la prédication de Jésus, comme elle l’était de l’idéal théocratique de l’A T. Elle comporte un Royaume de « saints » dont Dieu sera vraiment le Roi parce que son règne sera connu d’eux dans la connaissance et l’amour. Compromise par la révolte du péché, cette Royauté doit être établie par une intervention souveraine de Dieu et de son Messie, Dn 2 28+

C’est cette intervention que Jésus, après Jean Baptiste, annonce comme imminente, et qu’il réalise, non par un triomphe guerrier et nationaliste comme l’attendaient les foules, mais d’une façon toute spirituelle. Comme « Fils de l’homme », et Serviteur, par son œuvre de Rédemption qui arrache les hommes au règne adverse de Satan. Avant sa réalisation eschatologique définitive, où les élus vivront près du Père dans la joie du festin céleste, le Royaume apparaît avec des débuts humbles, mystérieux et contredits, comme une réalité déjà commencée, et qui se développe lentement sur la terre, par l’Église.
Instauré avec puissance comme règne du Christ par le jugement de Dieu sur Jérusalem, et prêché dans l’univers par la mission apostolique, il sera définitivement établi et remis au Père, par le retour glorieux du Christ, lors du jugement dernier. En attendant il se présente comme une pure grâce, acceptée par les humbles, et les renoncés, rejetée par les superbes et les égoïstes. On n’y entre qu’avec la robe nuptiale de la vie nouvelle ; il y a des exclus. Il faut veiller pour être prêt quand il viendra à l’improviste. Sur la façon dont Mt a construit son plan autour de ce thème.

LES SAINTS.

À tes saints. Dieu étant le Saint par excellence, ceux qui se consacrent à son service sont appelés « saints ». Appliqué d’abord au peuple d’Israël, et particulièrement à la communauté des temps messianiques, ce terme vaut éminemment pour les chrétiens qui sont le nouveau « peuple saint », appelés par la consécration du baptême à une vie pure, qui les rend saints comme Dieu, et comme Jésus, « le Saint de Dieu ».
Car la sainteté est l’œuvre de Dieu. Aussi est-il devenu dans la communauté primitive la désignation ordinaire des chrétiens, d’abord en Palestine, Et ensuite dans toutes les Églises. Le terme désigne plus spécialement les martyrs. Il se peut qu’il soit parfois restreint aux chefs, « apôtres et prophètes ». Enfin, comme dans l’A. T. le terme peut s’appliquer aux Anges. Et il est malaisé de savoir si certains textes parlent de ceux-ci ou des hommes parvenus à la gloire.   (actes)