30/01 – La foi. – L’espérance. – La charité. – Les charismes.

LA FOI.

          La foi est un acte par lequel l’homme s’en remet à Dieu, à la fois vérité et bonté, comme en la source unique de salut. Elle s’appuie sur sa véracité et sa fidélité dans ses promesses, et sur sa puissance à les exécuter. Après la longue préparation de l’Ancien Testament Dieu ayant parlé par son Fils, c’est lui désormais qu’il faut croire et après lui le « kérigime » de l’Évangile annoncé par les apôtres. À savoir que Dieu a ressuscité Jésus des morts et l’a fait « Kyrios », offrant par lui la vie à tous ceux qui croiront en lui.

La foi au Nom de Jésus, Christ, Seigneur, et Fils de Dieu, est ainsi la condition indispensable du salut. La foi n’est pas pure adhésion intellectuelle, mais confiance, obéissance, à une vérité de vie qui engage tout l’être dans l’union au Christ, et lui donne l’Esprit des fils de Dieu. Parce qu’elle ne compte que sur Dieu, la foi exclut toute suffisance et s’oppose au régime de la Loi et à sa vaine recherche d’une justice méritée par les œuvres : la vraie justice que seule elle procure est la justice salvifique de Dieu reçue comme un don gratuit. Aussi rejoint-elle la promesse faite à Abraham et ouvre-t-elle le salut à tous, même aux païens. Elle s’accompagne du baptême s’exprime par une profession et fructifie par la charité. Encore obscure et accompagnée d’espérance, elle doit croître dans la lutte et les souffrances, la fermeté et la fidélité jusqu’au jour de la vision et de la possession.

L’ESPERANCE

L’espérance. L’espérance chrétienne est l’attente des biens eschatologiques : la résurrection du corps, l’héritage des saints, la vie éternelle, la gloire, la vision de Dieu, en un mot le salut, de soi et des autres. Désignant d’abord la vertu qui attend ces biens, elle peut parfois désigner ces biens célestes eux-mêmes. Jadis déposés en Israël, à l’exclusion des païens, elle y préparait une espérance meilleure, qui est aujourd’hui offerte même aux païens, dans le mystère du Christ. Elle se fonde sur Dieu, son amour, son appel, sur sa puissance, sa véracité, et sa fidélité, à tenir ses promesses, qu’il a exprimées par les Écritures, et l’Évangile, et réalisées en la personne du Christ. Aussi ne peut-elle décevoir.

Tendue par définition vers les biens invisibles, elle s’appuie sur la foi, et se nourrit de la charité, les deux autres vertus théologales avec lesquelles elle a un lien étroit. L’Esprit Saint, le don eschatologique par excellence déjà possédé partiellement, est sa source privilégiée, qui l’éclaire, la fortifie la fait prier, et opère par elle l’unité du Corps. Fondée sur la justification par la foi au Christ, elle est pleine d’assurance, de réconfort, de joie, et de fierté. Elle ne se laisse point abattre par les souffrances présentes, qui comptent peu auprès de la gloire promise ; Mais les supporte au contraire avec une « constance », qui l’éprouve, et l’affermit.

LA CHARITE.

À la différence de l’amour passionnel et égoïste, la charité (agape) est un amour de dilection qui veut le bien d’autrui. Sa source est en Dieu qui a aimé le premier, et a livré son Fils pour se réconcilier les pécheurs, et s’en faire des élus, et des fils. Attribué d’abord à Dieu (le Père), Cet amour qui est la nature même de Dieu, se trouve au même titre dans le Fils, qui aime le Père comme il en est aimé. Et comme lui aime les hommes, pour qui il s’est livré. Il est aussi l’amour de l’Esprit Saint, qui le répand dans les cœurs des chrétiens, leur donnant d’accomplir enfin ce précepte essentiel de la Loi qu’est l’amour de Dieu et du prochain.
Car l’amour des frères et même des ennemis, est la suite nécessaire et la vraie preuve de l’amour de Dieu, le commandement nouveau qu’a donné Jésus, et que ses disciples ne cessent d’inculquer. C’est ainsi que Paul aime les siens, et qu’il en est aimé. Cette charité à base de sincérité et d’humilité, d’oubli et de don de soi, de service, et de support mutuel, doit se prouver par des actes. Et garder les commandements du Seigneur, rendant la foi effective.

–  Elle est le lien de la perfection, et couvre les péchés. S’appuyant sur l’amour de Dieu, elle ne craint rien. S’exerçant dans la vérité, elle donne le vrai sens moral, et ouvre l’homme à une connaissance spirituelle du mystère divin. De l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance. Faisant habiter dans l’âme le Christ, et toute la trinité, elle nourrit une vie des vertus théologales, où elle est la reine. Car elle seule ne passera pas, mais s’épanouira dans la vision ; quand Dieu accordera à ses élus les biens qu’il a promis à ceux qui l’aiment.

LES CHARISMES.

– Les ch 12-14 traitent du bon usage des dons de l’Esprit (charismes), accordés à la communauté comme témoignage visible de la présence de l’Esprit, et pour remédier à la situation anormale d’une jeune communauté dont la foi n’a pas encore transformé la mentalité imprégnée de paganisme. Les Corinthiens sont tentés d’apprécier surtout les dons les plus spectaculaires, et de les utiliser dans une atmosphère anarchique imitée de certaines cérémonies païennes. Paul réagit en précisant qu’ils sont donnés pour le bien de la communauté, et donc ne doivent pas occasionner de rivalités (ch 12). Puis il montre que la charité les surpasse tous (ch 13). Enfin, il explique que leur hiérarchie s’établit d’après la contribution qu’ils apportent à l’édification de la communauté. (1 Corinthiens 12 (1-3)

Comme les prophètes de l’A. T. ceux du N. T. sont des charismes, qui parlent au nom de Dieu sous l’inspiration de son Esprit. Il y a même dans la nouvelle Alliance une effusion plus large de ce charisme, et tous les fidèles en bénéficient à l’occasion. Cependant certains personnages en sont spécialement doués au point de mériter le titre habituel de « prophètes ».
Dans la hiérarchie des charismes ils viennent normalement en deuxième lieu, après les « apôtres »; c’est qu’ils sont les témoins attitrés de l’Esprit et transmettent ses révélations, comme les « apôtres » sont les témoins du Christ ressuscité, et proclament le « kérigime ». Leur rôle se borne à prédire l’avenir ou à lire dans les cœurs, et s’ils « édifient, exhortes et consolent », c’est par des révélations pneumatiques qui les rapprochent des glossolales, tout en les plaçant au-dessus de ceux-ci parce que leur parole est intelligible.
Leur fonction principale a dû être d’expliquer, sous la lumière de l’Esprit, les oracles des écritures, en particulier des anciens prophètes ; et ainsi de découvrir le « Mystère » du plan divin. C’est pourquoi ils sont associés aux apôtres comme fondement de l’Église. L’Apocalypse de saint Jean est un cas typique de cette prophétie du N. T. Si élevé qu’il soit, le charisme de prophétie ne donne qu’une connaissance imparfaite et provisoire, en relation avec la foi, qui devra disparaître devant la vision béatifique.