30/09 Introductions diverses

(7) INTRODUCTION AUX ÈPÎTRES de PAUL

          Saint Paul nous est connu, mieux qu’aucune autre personnalité du NT, par ses épîtres et par les Actes des Apôtres, deux sources indépendantes qui se confirment et se complètent malgré quelques divergences de détail. Des synchronismes avec des événements connus de l’histoire – surtout le proconsulat de Gallion à Corinthe et le remplacement de Félix par Festus – permettent en outre de fixer certaines dates et ainsi d’établir une chronologie relativement précise de la vie de l’Apôtre.

          Né à Tarse de Cilicie vers l’an 10 de notre ère, d’une famille juive de la tribu de Benjamin, mais en même temps citoyen romain. Il reçut dès sa jeunesse à Jérusalem, de Gamaliel, une forte éducation religieuse selon les doctrines pharisiennes. D’abord persécuteur acharné de la jeune église chrétienne, et mêlé au meurtre d’étienne, il fût brusquement retourné, sur le chemin de Damas, par l’apparition de Jésus ressuscité qui, en lui manifestant la vérité de la foi chrétienne, lui signifia sa mission spéciale d’Apôtre des païens.

          À partir de ce moment (vers l’an 36) il va vouer toute sa vie au service du Christ qui l’a « saisi ». après un séjour en Arabie et un retour à Damas où il prêche, il monte à Jérusalem vers l’an 39, puis se retire en Syrie-Cilicie, d’où il est ramené à Antioche par barnabé  avec qui il enseigne.

          Une première mission apostolique, entre 45 et 49, lui faire annoncer l’évangile en Chypre, Pamphylie, Pisidie et Lycaonie, c’est alors selon saint Luc, qu’il se met à porter son nom grec Paul de préférence à son nom juif Saul, et aussi qu’il pend le pas sur son compagnon Barnabé à cause de sa prépondérance dans la prédication.

          Quatorze ans après sa conversion, en 49, il monte à Jérusalem pour participer au concile apostolique où l’on admet, en partie sous son influence, que la Loi juive n’oblige pas les chrétiens convertis du paganisme ; en même temps sa mission d’apôtre des païens est officiellement reconnue, et il repart pour de nouveaux voyages apostoliques. Le deuxième et le troisième, occupent respectivement les années 50-52 et 53-58 ; nous en reparlerons plus loin pour situer les différentes épîtres qui les jalonnent.

          En 58 il est arrêté à Jérusalem, et tenu prisonnier à Césarée de Palestine jusqu’en 60. En automne 60 le procurateur Festus l’envoie sous escorte à Rome, où Paul demeure deux ans, de 61 à 63.

          Son procès s’étant terminé par un non lieu, il est libéré. Peut-être se rend-il alors en Espagne, selon son désir. D’autre part les épîtres pastorales supposent de nouveaux voyages en Orient. Une dernière captivité à Rome s’achève par le martyre, attesté par la plus ancienne tradition, et qui peut être placé en 67.

          Les épîtres et les Actes nous tracent aussi un portrait saisissant de la personnalité de l’Apôtre.

          Paul est un passionné, une âme de feu qui se dévoue sans compter à un idéal. Et cet idéal est essentiellement religieux. Pour lui Dieu est tout, et il le sert avec une loyauté absolue, d’abord en persécutant ceux qu’il tient pour des hérétiques, 1 Tm 1 13 ; Ac 24 5, 14. Puis en prêchant le christ quand il a compris par révélation qu’en lui seul est le salut.

          Ce zèle inconditionné se traduit dans une vie d’abnégation totale au service de celui qu’il aime. Labeurs, fatigues, souffrances, privations, périls de mort, rien ne compte à ses yeux du moment qu’il accomplit la tâche dont il se sent responsable. Rien de tout cela ne saurait le séparer de l’amour de Dieu et du Christ ; ou plutôt tout cela est précieux en le conformant à la Passion et à la croix de son Maître. Le sentiment de sa singulière élection lui donne des ambitions immenses. Quand il se reconnaît le souci de toutes les églises, quand il déclare avoir travaillé plus que les autres : il se sait le dernier de tous, lui le persécuteur, et n’attribue qu’à la grâce de dieu les grandes choses qui se font par lui

          L’ardeur de son cœur sensible se traduit bien dans ses sentiments pour ses fidèles. Plein d’abandon confiant envers ceux de Philippes, de tendresse émue pour ceux d’Éphèse ; il sursaute d’indignation quand ceux de Galatie s’apprêtent à trahir leur foi, et ressent un douloureux embarras devant l’inconstance vaniteuse de ceux de Corinthe. Pour reprendre les volages il sait manier l’ironie ou même les durs reproches. Mais c’est pour leur bien. Et vite il tempère ses semonces par des accents de touchante tendresse, n’est-il pas leur père, leur mère ? Que se rétablissent donc les bonnes relations d’autrefois !

Les juifs qui tâches de les séduire sont ses adversaire ; où ces chrétiens judaïsants qui veulent ramener ses convertis sous le joug de la Loi. Pour eux, pas de ménagement, à leurs prétentions orgueilleuses et charnelles il oppose l’authentique puissance spirituelle qui se manifeste dans sa faible personne.

          Il semble qu’il n’ait pas connu le Christ durant sa vie, mais il connaît ses enseignements, et sa conviction irrésistible est appuyée par une expérience personnelle : car il a « vu » le christ, d’abord près de Damas, et plusieurs fois ensuite. Il a bénéficié de révélations et d’extases, 2 Co 12-1-4.
On a voulu mettre ces phénomènes mystiques au compte d’un tempérament exalté et malade. Rien n’est moins fondé. La maladie qui l’a arrêté en Galatie, ne fut sans doute qu’une crise de paludisme ; et « l’écharde dans la chair » pourrait bien être l’hostilité des juifs, ses frères « selon la chair ».

          Ces épîtres que Paul nous a laissées sont des écrits occasionnels, on ne doit jamais l’oublier. Non des traités de théologie, mais des réponses à des situations concrètes. Les premières en date sont adressées aux Thessaloniciens, que Paul a évangélisés au cours du deuxième voyage, dans l’été 50. Pour ne dater que du 2° Siècle, le titre « aux hébreux » n’en n’est pas moins bien trouvé. En effet l’épître suppose des lecteurs non seulement très informés de l’ancienne Alliance, mais encore convertis du judaïsme. Son insistance sur le culte et la liturgie fait même songer à des prêtres. Déçus par leur foi nouvelle encore peu affermie et mal éclairée, troublés aussi par les persécutions qu’elle leur attire, ils sont tentés de revenir en arrière.

          C’est à les mettre en garde contre une telle apostasie que s’emploie l’épître aux hébreux, elle offre de magnifiques perspectives sur la vie chrétienne conçue comme un pèlerinage, une route vers le repos promis, une marche vers la patrie céleste ; avec comme guide le Christ supérieur à Moïse. Dans la lumière de cette foi-espérance qui a déjà guidé les Patriarches de leur race, les juifs de l’Exode, et tous les saints de l’AT. Elle oppose la personne du Christ Prêtre, et son sacrifice unique et seul valable qui remplace toutes les offrandes inefficaces de l’ancienne Alliance. Et pour fonder tout cela elle prouve la dignité suréminente de ce Chef et de ce Prêtre : Jésus Christ le Fils de Dieu incarné, roi de l’univers et supérieur même aux anges.

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