03\-30 La vie selon les impies. Sg 2

LE LIVRE DE LA SAGESSE Chap. 2

La vie selon les impies.

2   1 Car ils disent entre eux, dans leurs faux calculs : « Courte et triste est notre vie ; * il n’y a pas de remède lors de la fin de l’homme et on ne connaît personne qui soit revenu * de l’Hadès.

2 Nous sommes nés du hasard, * après quoi nous serons comme si nous n’avions pas existé. C’est une fumée que le souffle de nos narines, et la pensée, une étincelle qui jaillit au battement de notre cœur ;  3 qu’elle s’éteigne, le corps s’en ira en cendre et l’esprit se dispersera comme l’air inconsistant.

4 Avec le temps, notre nom tombera dans l’oubli, * nul ne se souviendra de nos œuvres ; notre vie passera comme les traces d’un nuage, elle se dissipera comme un brouillard que chassent les rayons du soleil et qu’abat sa chaleur.

5 Oui, nos jours sont le passage d’une ombre, notre fin est sans retour, le sceau est apposé et nul ne revient. *  6 Venez donc et jouissons des biens présents, usons des créatures avec l’ardeur de la jeunesse.

– Verset 1. notre vie. Cette appréciation pessimiste de la vie se rencontre ailleurs dans la Bible, cf. Gn 47 9; Jb 14 1-2; Ps 39 5-7; 90 9 10; Qo 2 23; Si 40 1-2; on la retrouve aussi dans la littérature grecque, mais avec un désarroi plus profond ou une note mélancolique plus accentuée.

– Verset 1revenuOu peut-être « qui ait délivré ». L’Hadès désigne ici, comme en Ap 1 18, le séjour des morts, Nb 16 33+, d’où l’on ne peut remonter, Jb 7 9+, et non plus la puissance de la mort personnifiée comme plus haut, 1 14. Les impies ne croient même pas à son existence et nient celle-ci à partir de l’expérience.

– Verset 2. du hasard. Le concours fortuit d’éléments ou d’atomes explique l’origine de chaque individu et cet assemblage se défait entièrement à la mort. Ensuite (2e« 11), le souffle vital est ramené à un phénomène d’échauffement et de combustion de l’air, la pensée, à une étincelle que fait jaillir « le battement du cœur ». Cette explication mécaniste durcit certaines théories grecques pour mieux pulvériser la réalité de l’âme ; en même temps elle prend le contre-pied de doctrines bibliques, avec une allusion ironique au « souffle des narines », Gn 2 7; Jb 27 3.

– Verset 4. l’oubli. Dans la Bible cet oubli est présenté souvent comme le châtiment des impies, cf. Dt 9 14; Jb 18 17; Ps 9 6-7; Si 44 9, etc., mais quelques textes l’appliquent à tous les morts sans distinction, Ps 31 13; Qo 2 16; 9 5.

– Verset 5ne revient. Ou « ne fait revenir ».

———————–

Gn 47 9; 8 Pharaon demanda à Jacob : « Combien comptes-tu d’années de vie ? » 9 et Jacob répondit à Pharaon : « Les années de mon séjour sur terre ont été de cent trente ans, mes années ont été brèves et malheureuses et n’ont pas atteint l’âge de mes pères, les années de leur séjour. » 10 Jacob salua Pharaon et prit congé de lui. 

Ap 1 18, , 18 le Vivant ; * je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant les clefs de la Mort et de l’Hadès. * 19 Écris donc ce que tu as vu : le présent et ce qui doit arriver plus tard. 

Nb 16 33+, 33 Ils descendirent vivants au shéol, * eux et tout ce qui leur appartenait. La terre les recouvrit et ils disparurent du milieu de l’assemblée.

Gn 2 7; 7 Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, * il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant. 

Jb 18 17; 17 Son souvenir disparaît du pays, son nom s’efface dans la contrée. 18 Poussé de la lumière aux ténèbres, il se voit banni de la terre. 19 II n’a ni lignée ni postérité parmi son peuple, aucun survivant en ses lieux de séjour.

7 Enivrons-nous de vins de prix et de parfums, ne laissons point passer la fleur du printemps, *  8 couronnons-nous de boutons de roses, avant qu’ils ne se fanent, 9 qu’aucune prairie * ne soit exclue de notre orgie, laissons partout des signes de notre liesse, car telle est notre part, tel est notre lot !

10 Opprimons le juste qui est pauvre, * n’épargnons pas la veuve, soyons sans égards pour les cheveux blancs chargés d’années du vieillard. *

11 Que notre force soit la loi de la justice, * car ce qui est faible s’avère inutile.  12 Tendons des pièges au juste, puisqu’il nous gêne * et qu’il s’oppose à notre conduite, nous reproche nos fautes contre la Loi et nous accuse de fautes contre notre éducation.

13 II se flatte d’avoir la connaissance de Dieu * et se nomme enfant du Seigneur.  14 II est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge ;  15 car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents. *

– Verset 7. du printemps. « Du printemps » mss grecs, syr. hex., arm.; « de l’air » texte reçu et syr.

– Verset 9. prairie. « Qu’aucune prairie » mèdeis leimôn conj. d’après lat.; « qu’aucun de nous » mèdeis hèmôn grec.

– Verset 10. est pauvre. Sarcasme : Le «juste » est « pauvre », maigre les promesses formelles de l’Ecriture, Ps 37 25; 112 3; Pr 3 9-10; 12 21, etc.

– Verset 10. du vieillard. Ceux-là mêmes que l’Écriture prescrit de respecter et de protéger.

– Verset 11. la justice. Cette norme qui entraîne le mépris des faibles se substitue à la Loi qui trace le chemin de la justice. La Bible connaît ce primat de la force, Jb 12 6; Ha 1 7, 11. et le montre souvent a l’œuvre ; certaines théories grecques justifiaient le droit du plus fort comme étant conforme à la nature.

– Verset 12. nous gêne. Influence littéraire d’Is 3 10 (LXX), à moins que la dépendance ne se soit exercée en sens inverse.

– Verset 13. de Dieu. Non seulement la connaissance du Dieu unique, mais celle de ses volontés, Rm 2 17-20, mises en pratique, peut-être aussi celle de ses desseins mystérieux sur l’homme (cf. 2 22).

– Verset 15. différents. Les impies reprennent les griefs formulés souvent contre le peuple juif, séparé du reste des hommes par ses croyances et ses pratiques.

16 II nous tient pour chose frelatée et s’écarte de nos chemins comme d’impuretés. Il proclame heureux le sort final des justes * et il se vante d’avoir Dieu pour père.

17 Voyons si ses dires sont vrais, expérimentons ce qu’il en sera de sa fin. *  18 Car si le juste est fils de Dieu, * II l’assistera et le délivrera des mains de ses adversaires.

19 Éprouvons-le par l’outrage et la torture afin de connaître sa douceur et de mettre à l’épreuve sa résignation.  20 Condamnons-le à une mort honteuse, puisque, d’après ses dires, il sera visité » *

–   Verset 16. des justes. Allusion possible à l’histoire de Job. Jb 42 12-15, si l’horizon reste limité aux rétributions temporelles. Mais l’expression évoque peut-être, de la part du juste, l’assurance d’une récompense dans l’au-delà, et les impies en déformeraient la portée.

–   Verset 17. de sa fin. Lat. ajoute : « et nous saurons quel sera son sort final ». C’est une seconde traduction du texte grec.

–   Verset 18. de Dieu. Dans la Bible, l’expression « fils de Dieu » désigne souvent Israël ou les Israélites, Ex 4 22-23; Dt 14 1; Is 1 2; Os 11 1. Mais on note ensuite la tendance à la réserver aux seuls justes ou au peuple de l’avenir, cf. déjà Os 2 1. Elle reçoit parfois une application individuelle, 2 S 7 14; Ps 2 7; Si 4 10. Mais s’il arrive à un Israélite d’invoquer Dieu comme père. Si 23 1 4; 51 10; cf. aussi Ps 89 27, aucun ne se désigne de lui-même comme « son fils ». Dans le reste du livre, le titre est attribué aux Israélites du passé, membres d’un peuple saint. 9 7; 10 15 17; 12 19 21 ;16 26; 18 4.

–   Verset 20. sera visité. Litt. : « il y aura une visite (de Dieu) pour lui ». Sur cette visite cf. 3 7+. Les correspondances avec la Passion du Christ condamné à une « mort honteuse » parce qu’il se déclarait « Fils de Dieu » ont frappé les premières générations chrétiennes, cf. Mt 27 43, et nombre de Pères ont considéré ce passage comme prophétique, I’auteur a directement en vue les Juifs fidèles d’Alexandrie, raillés et persécutés par les renégats et leurs alliés païens, Mais il est amené à décrire une persécution idéale ou typique. Aussi son texte convient-il éminemment au Juste par excellence, He 12 3.

Erreur des impies.

2  21 Ainsi raisonnent-ils, mais ils s’égarent, car leur malice les aveugle.  22 Ils ignorent les secrets de Dieu, * ils n’espèrent pas de rémunération pour la sainteté, ils ne croient pas à la récompense des âmes pures.  23 Oui. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il en a fait une image de sa propre nature ; *  24 c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde : * ils en font l’expérience, ceux qui lui appartiennent !

– Verset 22. de Dieu. Les secrets desseins de Dieu concernant la destinée immortelle de l’homme.

– Verset 23. propre nature. Litt. : « de sa propre propriété »; var. : a de sa propre éternité, ou : « de sa propre ressemblance ». – L’auteur reprend ici d’une façon originale le thème de l’homme créé à l’image de Dieu, Gn 1 26, avec une expression recherchée qui semble insister sur l’éternité divine.

– Verset 24. le monde. « Diable » traduit, dans les LXX, l’hébreu Satan, cf. Jb 1 6+. L’auteur interprète ici Gn 3, cf. Jn 8 44 ; 1 Jn 3 8; Ap 12 9;  20 2. La mort que le diable a fait entrer dans le monde est la mort spirituelle, avec sa conséquence la mort physique, cf. 1 13+; Rm 5 12s.

———————-

Jb 42 12-15, 12 Yahvé bénit la condition dernière de Job plus encore que l’ancienne. Il posséda quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. 13 II eut sept fils * et trois filles. 14 La première, il la nomma « Tourterelle », la seconde « Cinnamome » et la troisième « Corne à fard ». 15 Dans tout le pays on ne trouvait pas d’aussi belles femmes que les filles de Job. Et leur père leur donna une part d’héritage en compagnie de leurs frères. 

Mt 27 43,42 « Il en a sauvé d’autres et ne peut se sauver lui-même ! Il est roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix et nous croiront en lui ! 43 Il a compté sur Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il s’intéresse à lui ! Il a bien dit : je suis fils de Dieu ! » 44 Même les brigands crucifiés avec lui l’outrageaient de la sorte.

He 12 3. Songez à celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle contradiction, * afin de ne pas défaillir par lassitude de vos âmes. 4 Vous n’avez pas résisté jusqu’au sang dans la lutte contre le péché.

Ap 12 9;  20 2. 12 On le jeta donc, l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l’appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui. ——- 20 Il maîtrisa le Dragon, * l’antique Serpent, – c’est le Diable, Satan, – et l’enchaîna pour mille années. * Il le jeta dans l’Abîme, tira sur lui les verrous, apposa des scellées, afin qu’il cessât de fourvoyer les nations jusqu’à l’achèvement des mille années. Après quoi, il doit être relâché pour un peu de temps.

Rm 5 12s. 5    12 Voilà pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, * et qu’ainsi la mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché ; * – 13 car jusqu’à la Loi il y avait du péché dans le monde, mais le péché n’est pas imputé quand il n’y a pas de loi ;