07\-09 Fragilité de l’homme. Ps 90 ~ 92

PSAUME 90 (89)

Fragilité de l’homme. *

1 Prière. De Moïse, homme de Dieu. * Seigneur, tu as été pour nous un refuge * d’âge en âge. 2 Avant que les montagnes fussent nées, enfantés la terre et le monde, de toujours à toujours tu es Dieu. 3 Tu fais revenir le mortel à la poussière en disant : « Revenez, fils d’Adam ! » 4 Car mille ans sont à tes yeux comme le jour d’hier qui passe, comme une veille dans la nuit. 5 Tu les submerges de sommeil, ils seront le matin comme l’herbe qui pousse ; 6 le matin, elle fleurit et pousse, le soir, elle se flétrit et sèche.

7 Par ta colère, nous sommes consumés, par ta fureur, épouvantés. 8 Tu as mis nos torts devant toi, nos secrets sous l’éclat de ta face. 9 Sous ton courroux tous nos jours déclinent, nous consommons nos années comme un soupir. * 10 Le temps de nos années, quelque soixante-dix ans, quatre-vingts, si la vigueur y est ; mais leur grand nombre n’est que peine et mécompte, car elles passent vite, et nous nous envolons.

11 Qui sait la force de ta colère et, te craignant, connaît ton courroux ? 12 Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de cœur à la sagesse ! * 13 Reviens, Yahvé Jusques à quand ? Prends en pitié tes serviteurs. * 14 Rassasie-nous de ton amour au matin, nous serons dans la joie et le chant tous les jours.

15 Rends-nous en joies tes jours de châtiment et les années où nous connûmes le malheur. 16 Paraisse ton œuvre pour tes serviteurs, ta splendeur soit sur leurs enfants ! 17 La douceur du Seigneur soit sur nous ! Confirme l’ouvrage de nos mains ! *

Titre. Prière d’un sage pénétré des Écritures (allusions à Gn, Jb, Dt), qui médite sur la faiblesse humaine et la brièveté de la vie écourtée par le péché.

Verset 1. homme de Dieu. Ce Ps est le seul qui soit attribué à Moïse, peut-être à cause de ses contacts avec Gn et Dt 32.

Verset 1. un refuge. « refuge » grec; « demeure » hébr.

Verset 9. un soupir. Le syr. a compris « comme une araignée », que grec et Vulg. ajoutent.

Verset 12. la sagesse. De la connaissance de la fragilité humaine procède la sagesse, qui est crainte de Dieu, Pr 1 7+.

Verset 13. tes serviteurs. Les vv. 14-17 vont étendre à tout Israël la méditation et la prière dont l’objet était l’homme seul.

Verset 17. de nos mains. L’hébr. ajoute « notre Dieu » après « Seigneur » et, à la fin, « sur nous et confirme l’ouvrage de nos mains », doublet.

PSAUME 91 (90)

Sous les ailes divines. *

1 Qui habite le secret d’Elyôn passe la nuit à l’ombre de Shaddaï, * 2 disant * à Yahvé : Mon abri, ma forteresse, mon Dieu sur qui je compte ! 3 C’est lui qui t’arrache au filet de l’oiseleur qui s’affaire * à détruire ; 4 il te couvre de ses ailes, tu as sous son pennage un abri. Armure et bouclier, sa vérité.

5 Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, 6 ni la peste qui marche en la ténèbre, ni le fléau qui dévaste à midi. * 7 Qu’il en tombe mille à tes côtés et dix mille à ta droite, toi, tu restes hors d’atteinte. 8 Il suffit que tes yeux regardent, tu verras le salaire des impies, 9 toi qui dis : Yahvé mon abri ! et qui fais d’Elyôn ton refuge. *

10 Le malheur ne peut fondre sur toi, ni la plaie approcher de ta tente : 11 il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies. 12 Sur leurs mains ils te porteront pour qu’à la pierre ton pied ne heurte ; 13 sur le fauve * et la vipère tu marcheras, tu fouleras le lionceau et le dragon.

14 Puisqu’il s’attache à moi, je l’affranchis, je l’exalte puisqu’il connaît mon nom. 15 II m’appelle et je lui réponds : « Je suis près de lui dans la détresse, je le délivre et je le glorifie, 16 de longs jours je veux le rassasier et je ferai qu’il voie mon salut. »

Titre. Ce Ps développe l’enseignement traditionnel des sages, cf. Jb 5 19s, sur la protection divine accordée au juste. L’oracle divin qui le termine, vv. 14-16, suppose que le fidèle connaîtra I’épreuve, mais que Dieu l’en délivrera.

Verset 1. Shaddaï. La strophe juxtapose quatre noms divins : Élyôn (le « Très-Haut »), Shaddaï (cf. Gn 17 1+), que grec et Vulg. traduisent ici « Dieu du ciel » et ailleurs « Tout-Puissant », Yahvé (cf. Ex 3 14+) et Élohim (Dieu).

Verset 2. disant. « disant » versions; « je dis » hébr.

Verset 3. s’affaire. «qui s’affaire» medabber hébr.; «de la peste» middeber hébr.

Verset 6. à midi. Les versions traduisent : « du démon de midi ».

Verset 9. ton refuge. « toi qui dis » ‘amarta conj.; « toi » ‘atta hébr. – « refuge » grec; « demeure » hébr.

Verset 13. sur le fauve. Trad. incertaine. Grec et syr. ont « l’aspic ».

PSAUME 92 (91)

Cantique du juste *

1 Psaume. Cantique. Pour le jour du sabbat. 2 II est bon de rendre grâce à Yahvé, de jouer pour ton nom, Très-Haut, 3 de publier au matin ton amour, ta fidélité au long des nuits, 4 sur la lyre à dix cordes et la cithare, avec un murmure de harpe. 5 Tu m’as réjoui, Yahvé, par tes œuvres, devant l’ouvrage de tes mains je m’écrie : 6 « Que tes œuvres sont grandes, Yahvé, combien profondes tes pensées ! »

7 L’homme stupide ne sait pas, cela, l’insensé n’y comprend rien. 8 S’ils poussent comme l’herbe, les impies, s’ils fleurissent, tous les malfaisants, c’est pour être abattus à jamais, 9 mais toi, tu es élevé pour toujours, Yahvé. 10 Voici : * tes ennemis périssent, tous les malfaisants se dispersent ; 11 tu me donnes la vigueur du taureau, tu répands * sur moi l’huile fraîche ; 12 mon œil a vu ceux qui m’épiaient, * mes oreilles ont entendu les méchants.

13 Le juste poussera comme un palmier, il grandira comme un cèdre du Liban. 14 Plantés dans la maison de Yahvé, ils pousseront dans les parvis de notre Dieu. 15 Dans la vieillesse encore ils portent fruit, ils restent frais et florissants, 16 pour publier que Yahvé est droit : mon Rocher, en lui rien de faux

Titre. Hymne didactique qui développe la doctrine traditionnelle des Sages : sort heureux des justes et ruine des impies, cf. Ps 37; 49, etc.

Verset 10. Voici. Au début du v., hébr. ajoute: « car voici, tes ennemis Yahvé », doublet.

Verset 11. tu répands. « tu répands », litt. « tu me trempes », syr., Targ.; «je trempe » hébr.

Verset 12. m’épiaient. « ceux qui m’épiaient » beshoreray versions; beshûray hébr. est fautif, et a été glosé ensuite par le mot « mes adversaires ».