01\-25 L’homme accablé connaît seul sa misère. Jb 6-7

Job Chap. 6 & 7

L’homme accablé connaît seul sa misère.

6   1 Job prit la parole et dit :  2 Oh ! Si l’on pouvait peser mon affliction, mettre sur une balance tous mes maux ensemble ! 3 Mais c’est plus lourd que le sable des mers : aussi mes propos sont-ils irréfléchis.

4 Les flèches de Shaddaï en moi sont plantées, mon humeur boit leur venin et les terreurs de Dieu sont en ligne contre moi. 5 Voit-on braire l’onagre auprès de l’herbe tendre, le bœuf mugir à portée du fourrage ?  6 Un aliment fade se mange-t-il sans sel, le blanc de l’œuf * a-t-il quelque saveur ?

7 Or ce que mon appétit se refuse à toucher, c’est là ma nourriture de malade *  8 Oh ! Que se réalise donc ma prière, que Dieu réponde à mon attente ! 9 Que Lui consente à m’écraser, qu’il dégage sa main et me supprime !  10 J’aurai du moins cette consolation, ce sursaut de joie en de cruelles souffrances, de n’avoir pas renié les décrets du Saint. *

11 Ai-je donc assez de force pour attendre ? Voué à une telle fin, à quoi bon patienter ?  12 Ma force est-elle celle du roc, ma chair est-elle de bronze ? 13 Aurai-je pour appui le néant et tout secours * n’a-t-il pas fui loin de moi ? 14 Refuser * la pitié à son prochain, c’est rejeter la crainte de Shaddaï. *

15 Mes frères ont été décevants comme un torrent, comme le cours des torrents passagers,  16 La glace assombrit leurs eaux, au-dessus d’eux fond la neige, *17 mais, dès la saison brûlante, ils tarissent, ils s’évanouissent sous l’ardeur du soleil.  18 Pour eux, les caravanes quittent les pistes, s’enfoncent dans le désert et s’y perdent.

19 Les caravanes de Téma les fixent des yeux, en eux espèrent les convois de Saba.  20 Leur confiance se voit déçue ; arrivés près d’eux, ils restent confondus. *21 Tels vous êtes pour moi à cette heure * à ma vue, saisis d’effroi, vous prenez peur. 22 Vous ai-je donc dit : « Faites-moi tel don, offrez tel présent pour moi sur vos biens ; 23 arrachez-moi à l’étreinte d’un oppresseur, délivrez-moi des mains d’un violent ? »  24 Instruisez-moi, alors je me tairai ; montrez-moi en quoi j’ai pu errer *

25 On supporte sans peine des discours mais vos critiques, que visent-elles ?  26 Prétendez-vous censurer des paroles, propos de désespoir qu’emporté le vent ? 27 Vous iriez jusqu’à tirer au sort un orphelin, à faire bon marché de votre ami ! 28 Allons, je vous en prie, regardez-moi ! En face, je ne mentirai point. 29 Revenez, pas d’injustice ; revenez, car je reste dans mon droit.  30 Y a-t-il du mal sur mes lèvres ? Mon palais ne sait-il plus discerner l’infortune ?

Job 6 (1-30)

–           Verset 6. blanc de l’œuf. « blanc de l’œuf» selon une interprétation du Targ.; d’autres songent à une plante : le suc du pourpier ou le jus de la mauve.

–           Verset 7. de maladeLe v. 7, très difficile, est interprété d’après la Vulg. (qui rattache les deux hémistiches en une seule phrase). – « de malade », litt. « dans ma maladie » conj.; « comme une maladie » hébr. -La répugnance de Job devant sa misérable nourriture (à la fois réelle et symbolique) traduit son dégoût de la vie. Ses amis bien nourris sont incapables de comprendre.

–           Verset 10. du Saint. En faisant acte de révolte contre la Providence. Le « Saint » désigne ici Yahvé, cf. Is 6 3+; Ha 3 3.

–           Verset 13. tout secours « secours » grec, syr.; « sagacité » hébr.

–           Verset 14. Refuser. « Refuser » mss hébr.; « fondre » TM,

–           Verset 14. de Shaddaï. La bonté pour autrui est le signe d’une religion authentique.

–           Verset 16la neige. Texte difficile : litt. « noircis (ou : troublés) à cause de la glace, sur eux disparaît la neige ».

–           Verset 20. confondus. « Leur confiance», litt. «ils ont espéré», syr., Targ.; « il a espéré » hébr. – « près d’eux » conj.; « près de lui » hébr.

–           Verset 21. cette heure. « Tels » ken conj.; « Car » kî hebr. – « pour moi » lî conj.; « pas » lo’ hébr.

–           Verset 24. pu errerPar inadvertance ou par ignorance, cf. Lv 4; Nb 15 22-29; Ps 19 13.

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Is 6 3+ 3 Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles : « Saint, saint, saint * est Yahvé Sabaot, sa gloire emplit toute la terre. »

Ha 3 3. 3 Éloah vient de Témân et le Saint du mont Parân. * Sa majesté voile les cieux, la terre est pleine de sa gloire.

Nb 15 22-29; 22 « Si vous manquez par inadvertance à quelqu’un de ces commandements que Yahvé a énoncés à Moïse. ——– 29 qu’il s’agisse d’un citoyen d’entre les Israélites ou d’un étranger en résidence parmi eux. Il n’y aura chez vous qu’une loi pour celui qui agit par inadvertance.

Ps 19 13. 13 Mais qui s’avise de ses faux pas ? Purifie-moi du mal caché. 14 Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil, * qu’il n’ait sur moi nul empire ! Alors je serai irréprochable et pur du grand péché.

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Job Chap. 7

L’homme accablé connaît seul sa misère.

   7    1  N’est-ce pas un temps de service * qu’accomplit l’homme sur terre, n’y mène-t-il pas la vie d’un mercenaire ? *2 Tel l’esclave soupirant après l’ombre ou l’ouvrier tendu vers son salaire,  3 j’ai en partage des mois de déception, à mon compte des nuits de souffrance. 4 Étendu sur ma couche, je me dis : « À quand le jour ? » Sitôt levé : « Quand serai-je au soir ! » * Et des pensées folles m’obsèdent jusqu’au crépuscule.

5 Vermine et croûtes terreuses couvrent ma chair, ma peau gerce et suppure. 6 Mes jours ont couru plus vite que la navette ; et disparu sans espoir. 7 Souviens-toi * que ma vie n’est qu’un souffle, que mes yeux ne reverront plus le bonheur ! 8 Désormais je serai invisible à tout regard, tes yeux seront sur moi et j’aurai disparu.

9 Comme la nuée se dissipe et passe, qui descend au shéol n’en remonte pas. *10 II ne revient pas habiter sa maison et sa demeure ne le connaît plus. 11 Et c’est pourquoi je ne puis me taire, je parlerai dans l’angoisse de mon esprit, je me plaindrai dans l’amertume de mon âme 12 Suis-je la Mer, moi, ou le monstre marin, * pour poster une garde contre moi ?

13 Si je dis : « Mon lit me soulagera, ma couche atténuera ma plainte, » 14 alors tu m’effraies par des songes, tu m’épouvantes par des visions. 15 Ah ! Je voudrais être étranglé : * la mort plutôt que mes douleurs ! *16 Je me consume, je ne vivrai pas toujours ; aussi, laisse-moi, mes jours ne sont qu’un souffle !

17 Qu’est-ce donc que l’homme pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention, *18 pour l’inspecter chaque matin, pour le scruter à tout instant ? 19 Cesseras-tu enfin de me regarder, pour me laisser le temps d’avaler ma salive ?

20 Si j’ai péché, que t’ai-je fait, à toi, * l’observateur attentif de l’homme ? Pourquoi m’as-tu pris pour cible, pourquoi te suis-je à charge * 21 Ne peux-tu tolérer mon offense, passer sur ma faute ? Car bientôt je serai couché dans la poussière, tu me chercheras et je ne serai plus. *

Job 7 (1-21)

–           Verset 1. de service. Au sens de service militaire, cf. 14 14, à la fois lutte et corvée. Grec traduit « épreuve » ; Vulg. militia.

–           Verset 1d’un mercenaire. Le mercenaire, payé à la journée, Dt 24 15 ; Mt 20 8, peine chaque jour pour les autres du matin au soir. De même l’esclave, Lv 25 39-40.

–           Verset 4au soir. « le jour » grec; omis par hébr. – « quand serai-je au soir » m! yitten ‘ereb conj.; middad ‘ereb hébr; inintelligible.

–           Verset 7. souviens-toi. Solidaire de l’humanité souffrante, résigne à mourir, Job ébauche une prière, pour demander à Dieu quelques instants de paix avant sa mort.

–           Verset 9. remonte pas. Selon l’opinion courante, que l’auteur semble partager ici et 10 21; 14 7-22; 16 22, cf. 2 S 12 23; Ps 88 11, etc., il est impossible de remonter du shéol. Cf. Nb 16 33+.

–           Verset 12. monstre marin. Selon les cosmogonies babyloniennes, Tiamat (la Mer), après avoir contribué à donner naissance aux dieux, avait été vaincue et soumise par l’un d’eux. L’imagination populaire pu poétique, reprenant cette imagerie, attribuait à Yahvé cette victoire, antérieure à l’organisation du Chaos, et le voyait maintenir toujours en sujétion la Mer et les Monstres ses hôtes. Cf. : Ps 3 8 ; 9 13; 26 12; 40 25s; Ps 65 8; 74 13-14; 77 17;  89 10-11;  93 3-4; 104 7,26; 107 29; 148 7; Is 27 1;  51 9.

–           Verset 15. étranglé. La rencontre du « lassé de la vie » égyptien, Job n’envisage pas le suicide. C’est d’ailleurs un acte qui n’est rapporté qu’exceptionnellement dans l’AT, cf. 2 S 17 23+.

–           Verset 15. mes douleurs. « mes douleurs » ‘aççebôtay conj.; « mes os » ‘açemôtay hébr.

–           Verset 17. attention. L’auteur semble reprendre avec une ironie amère des expressions du Ps 8. La sollicitude de Dieu pour l’homme devient ici une surveillance exigeante. L’auteur du Ps 139 y trouvait un motif de confiance. Job, lui, se sent traité comme un ennemi par le Dieu qui l’observe. Se débattant contre une notion juridique de la religion et du péché, il cherche en tâtonnant le Dieu de miséricorde, v. 21.

–           Verset 20à toi. Dieu ne peut être atteint par le péché.

–           Verset 20. à charge. « te suis-je » grec; « me suis-je » hébr.

–           Verset 21. serai plus. Ces derniers mots, inattendus, réintroduisent l’image d’un Dieu incliné mystérieusement vers l’homme.

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Dt 24 15 15 Chaque jour tu lui donneras son salaire, sans laisser le soleil se coucher sur cette dette ; car il est pauvre et il attend impatiemment ce salaire. Ainsi n’en appellera-t-il pas à Yahvé contre toi. Autrement tu serais en faute.

Mt 20 8,8 Alors les gens, en très nombreuse foule, étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin. 9 Les foules qui marchaient devant lui et celles qui suivaient criaient.

Lv 25 39-40. 39 Si ton frère tombe dans la gêne alors qu’il est en rapports avec toi et s’il se vend à toi, tu ne lui imposeras pas un travail d’esclave ; 40 il sera pour toi comme un salarié ou un hôte et travaillera avec toi jusqu’à l’année jubilaire.

2 S 12 23; . 23 Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Pourrais-je le faire revenir ? C’est moi qui m’en vais le rejoindre, * mais lui ne reviendra pas vers moi. 

Nb 16 33+. 33 Ils descendirent vivants au shéol, * eux et tout ce qui leur appartenait. La terre les recouvrit et ils disparurent du milieu de l’assemblée.

Ps 89 10-11; 10 C’est toi qui maîtrises l’orgueil de la mer, quand ses flots se soulèvent, c’est toi qui les apaises ; 11 c’est toi qui fendis Rahab * comme un cadavre, dispersas tes adversaires par ton bras de puissance. 12 A toi le ciel, à toi aussi la terre, le monde et son contenu, c’est toi qui les fondas ;

Is 27 1; 1 Ce jour-là, Yahvé châtiera avec son épée dure, grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux ; il tuera le dragon qui habite la mer.

2 S 17 23+ 23 Quant à Ahitophel, lorsqu’il vit que son conseil n’était pas suivi, il sella son âne et se mit en route pour aller chez lui dans sa ville. Il mit ordre à sa maison, puis il s’étrangla et mourut. * On l’ensevelit dans le tombeau de son père.