01\-26 La Sagesse inaccessible à l’homme. Jb 28-29

Job Chap. 28 & 29

4. ÉLOGE DE LA SAGESSE

La Sagesse inaccessible à l’homme *

  28  1  II existe, pour l’argent, des mines, pour l’or, un lieu où on l’épure. 2 Le fer est tiré du sol, la pierre fondue livre du cuivre.  3 On met fin aux ténèbres, on fouille jusqu’à l’extrême limite la pierre obscure et sombre. 4 Des étrangers percent les ravins * en des lieux non fréquentés, et ils oscillent, suspendus, loin des humains.

5 La terre d’où sort le pain est ravagée en dessous par le feu. * 6 Là, les pierres sont le gisement du saphir, et aussi des parcelles d’or. 7 L’oiseau de proie en ignore le sentier, l’œil du vautour ne l’aperçoit pas.  8 II n’est point foulé par les fauves altiers, * le lion ne l’a jamais frayé.

9 L’homme s’attaque au silex, il bouleverse les montagnes dans leurs racines.  10 Dans les roches il perce des canaux, * l’œil ouvert sur tout objet précieux. 11 II explore les sources des fleuves, * amène au jour ce qui restait caché.  12 Mais la Sagesse, d’où provient-elle ? * Où se trouve-t-elle, l’Intelligence ?

13 L’homme en ignore le chemin, * on ne la découvre pas sur la terre des vivants.  14 L’Abîme déclare : « Je ne la contiens pas ! » et la Mer : « Elle n’est point chez moi ! » 15 On ne peut l’acquérir avec l’or massif, la payer au poids de l’argent,  16 l’évaluer avec l’or d’Ophir, l’agate précieuse ou le saphir.

17 On ne lui compare pas l’or ou le verre, on ne l’échange point contre un vase d’or fin.  18 Coraux et cristal ne méritent pas mention, mieux vaudrait pêcher la Sagesse que les perles. 19 Auprès d’elle, la topaze de Kush est sans valeur et l’or pur perd son poids d’échange.

20 Mais la Sagesse, d’où provient-elle ? où se trouve-t-elle, l’Intelligence ?  21 Elle se dérobe aux yeux de tout vivant, elle se cache aux oiseaux du ciel. 22 La Perdition et la Mort déclarent : « La rumeur de sa renommée est parvenue à nos oreilles. »  23 Dieu seul en a discerné le chemin et connu, lui, où elle se trouve. 24 (Car il voit jusqu’aux extrémités de la terre, il aperçoit tout ce qui est sous les cieux.)

25 Lorsqu’il voulut donner du poids au vent, jauger les eaux avec une mesure ;  26 quand il imposa une loi à la pluie, une route aux roulements du tonnerre,  27 alors il la vit et l’évalua, il la pénétra * et même la scruta.  28 Puis il dit à l’homme : « La crainte du Seigneur, voilà la sagesse ; fuir le mal, voilà l’intelligence. »

Job 28 (1-28)

–           Titre. La place et la signification primitives de cet intermède dans le Dialogue restent obscures. Il présente des analogies avec Pr 8 22s, où, cependant, la Sagesse figurée comme l’inspiratrice des œuvres de Dieu aux origines devient l’inspiratrice de l’homme. Ici on célèbre une Sagesse inaccessible à l’homme. Ba 3 9 – 4 4 reprendra le même thème, mais parlera, lui, d’une Sagesse révélée par faveur à Israël dans la Loi. Il s’agit donc d’une Sagesse rigoureusement transcendante.

–           En définitive, elle incarne le mystère des voies de Dieu, et se confond avec l’attribut divin de Sagesse ; mais celui-ci est personnifié d’une façon étrange. La représentation d’une Sagesse mystérieuse, habitant un domicile propre et finalement découverte par Dieu, peut être l’écho de vieilles croyances. Seule en subsiste une simple image : la Sagesse, qui inspira le plan de Dieu, explique toutes ses œuvres et incarne sa Providence, échappe aux atteintes de l’homme ; celui-ci, en dépit de ses efforts et de ses découvertes, se heurte sans cesse au mystère d’une Sagesse qui le dépasse.

–           Verset 4. les ravins. « Des étrangers (percent) les ravins » nehatim ‘cm ger conj.; hébr. nehal me im gar n’a pas de sens. – Les travaux des mines étaient laissés aux esclaves étrangers et aux prisonniers de guerre.  Ils étaient effectués le plus souvent dans des lieux déserts, en particulier dans le désert du Sinaï.

–           Verset 5. par le feu. « par le feu » Vulg.; « comme par le feu » hébr.

–           Verset 8. fauves altiers. Litt. « les fils de l’orgueil », cf. 41 26.

–           Verset 10. des canauxLitt. « des Nils »

–           Verset 11. des fleuves. Qui sortent de l’abîme souterrain. – « explore » hippes conj.; « lie » hibbesh hébr. – « sources » mabbekê conj.; « de pleurer » (?) mibbekî héb.

–           Verset 12. provient-elle« d’où provient-elle » avec 1 ms hébr., cf. v. 20; « d’où se trouve-t-elle » TM.

–           Verset 13. le chemin. « chemin » grec; « prix » hébr.

–           Verset 27. la pénétra. « la pénétra» hebinah avec 5 mss ; le TM porte hekînah, « l’établît », « la fonda ». Si l’on adopte cette traduction, il faut donner au deuxième verbe le sens de « en fit l’épreuve ».

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Job Chap. 29

5. CONCLUSION DU DIALOGUE

Plaintes et apologie de Job : *

A, Les jours d’antan.

29    1 Job continua de s’exprimer en sentences et dit :  2 Qui me fera revivre les mois d’antan, ces jours où Dieu veillait sur moi, 3 où sa lampe brillait sur ma tête et sa lumière me guidait dans les ténèbres !  4 Puissè-je revoir les jours de mon automne, quand Dieu protégeait ma tente, *  5 que Shaddaï demeurait avec moi et que mes garçons m’entouraient ; 6 quand mes pieds baignaient dans le laitage, et du rocher coulaient des ruisseaux d’huile ! *  7 Si je sortais vers la porte de la ville, si j’installais mon siège sur la place,  8 à ma vue, les jeunes gens se retiraient, les vieillards se mettaient debout.

9 Les notables arrêtaient leurs discours et mettaient la main sur leur bouche. 10 La voix des chefs s’étouffait et leur langue se collait au palais.  21c * Ils m’écoutaient, dans l’attente, silencieux pour entendre mon avis. 22 Quand j’avais parlé, nul ne répliquait, et sur eux, goutte à goutte, tombaient mes paroles. 23 Ils m’attendaient comme la pluie, leur bouche s’ouvrait comme pour l’ondée tardive.  24 Si je leur souriais, ils n’osaient y croire, ils recueillaient sur mon visage tout signe de faveur. 25 Je leur indiquais la route en siégeant à leur tête, tel un roi installé parmi ses troupes, et je les menais partout à mon gré. *

11 A m’entendre, on me félicitait, à me voir, on me rendait témoignage.  12 Car je délivrais le pauvre en détresse et l’orphelin privé d’appui. 13 La bénédiction du mourant se posait sur moi et je rendais la joie au cœur de la veuve.  14 J’avais revêtu la justice comme un vêtement, j’avais le droit pour manteau et turban. 15 J’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux.  16 C’était moi le père des pauvres ; la cause d’un inconnu, je l’examinais.

17 Je brisais les crocs de l’homme inique, d’entre ses dents, j’arrachais sa proie.  18 Et je disais : « Je mourrai dans ma fierté, * après des jours nombreux comme le sable. 19 Mes racines ont accès à l’eau, la rosée se dépose la nuit sur mon feuillage.  20 Ma gloire sera toujours nouvelle et dans ma main mon arc * reprendra force. »

Job 29 (1-20)

–           Titre. II est possible que telle ou telle section de ce discours (30-31) ait fait partie primitivement de la réponse à Bîldad dans le troisième cycle de discours. La notice : « Job continua de s’exprimer en sentences et dit », peut être un indice de cette appartenance originale à un autre contexte. Mais les essais de morcellement de ce discours n’ont pas donné de résultat satisfaisant, car il possède une unité réelle qu’il vaut mieux ne pas briser. Le premier tableau est un témoignage précieux sur la conception Israélite ancienne d’une vie heureuse.

–           Verset 4ma tente. « protégeait » grec, syr.; a dans l’intimité » hébr.

–           Verset 6. d’huile. L’hébr. ajoute : « avec moi ».

–           Verset 21c à 25. On transpose les vv. 21-25 avant le v. 11 : ils font suite au v. 10 et le v. 11 semble en être la conclusion. Il doit s’agir d’un déplacement accidentel dans la transmission manuscrite.

–           Verset 25. mon gré. « je les menais partout à mon gré » ba ‘asher ‘ôbîlam yinnahâ conj.; « comme celui qui console les affligés » ka « asher ‘abelîm yenahem hébr.

–           Verset 18. ma fierté. « dans ma fierté » garni conj.; « avec mon nid » qinnî hébr.

–           Verset 20. mon arc. L’arc symbolise la force, cf. Gn 49 24.

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Gn 49 24. 24 Mais leurs arcs a été brisé par un puissant, les nerfs de leur bras ont été rompus par les mains du Puissant de Jacob, par le nom de la Pierre d’Israël, 25 par le Dieu de ton père qui te secourt, par El Shaddaï qui te bénit.