10\-03 La Sagesse créatrice. Jb 38

Le livre de Job. Chap. 38

La Sagesse créatrice confond Job.

   38    1 Yahvé répondit à Job du sein de la tempête * et dit :
2 Quel est celui-là qui obscurcit mes plans par des propos dénués de sens ?
3 Ceins tes reins comme un brave : je vais t’interroger et tu m’instruiras. *
4 Où étais-tu quand je fondai la terre ? Parle, si ton savoir est éclairé.
5 Qui en fixa les mesures, le saurais-tu, ou qui tendit sur elle le cordeau ?
6 Sur quel appui s’enfoncent ses socles ? Qui posa sa pierre angulaire,
7 parmi le concert joyeux des étoiles du matin et les acclamations unanimes des Fils de Dieu ?
8 Qui enferma * la mer à deux battants, quand elle sortit du sein, bondissante ;
9 quand je mis sur elle une nuée pour vêtement et fis des nuages sombres ses langes ;
10 quand je découpai pour elle sa limite et plaçai portes et verrou ?
11 « Tu n’iras pas plus loin, lui dis-je, ici se brisera l’orgueil de tes flots ! »
12 As-tu, une fois dans ta vie, commandé au matin ? assigné l’aurore à son poste,
13 pour qu’elle saisisse la terre par les bords et en secoue les méchants ?
14 Alors elle la change en argile de sceau * et la teint comme un vêtement ;
15 elle ôte aux méchants leur lumière, * brise le bras qui se levait.
16 As-tu pénétré jusqu’aux sources marines, *circulé au fond de l’Abîme ?
17 Les portes de la Mort te furent-elles montrées, as-tu vu les portiers du pays de l’Ombre ? *
18 As-tu quelque idée des étendues terrestres ? Raconte, si tu sais tout cela.
19 De quel côté habite la lumière, *

Job 38 (1-19)

Verset 1. tempête. Selon le mode ancien des théophanies de Yahvé qui manifestait sa toute-puissance redoutable, cf. Ps 18 8-16 ; 50 3 ; Na 1 3 ; Ez 1 4, cf. Ex 13 22+; 19 16+.

Verset 3. m’instruiras. «comme un brave» 1 ms hébr., syr., Targ.; «comme un homme » TM (simple différence de vocalisation). De même en 40 7. – Les rôles sont renversés : Yahvé attaque et invite Job à se défendre.

Verset 8. qui enferma. « Qui enferma » Vulg.; « il a enfermé » hébr.

Verset 11. se brisera. « se brisera » yishtabber, d’après grec; « il mettra à (l’orgueil) » yashit bi hébr.

Verset 14. de sceau. De couleur rouge. – « la teint », litt. « est teinte », tiççaba ‘ conj.; « ils se tiennent debout » yileyaççebâ hébr.

Verset 15. leur lumière. Qui n’est pas la lumière du jour, cf. 24 13s.

Verset 16. marines. Celles qui étaient censées alimenter la mer.

Verset 17. de l’Ombre. « les portiers » grec ; « les portes » hébreu. – Le « pays de l’Ombre » est le shéol, Nb 16 33+. Sur « les portes de la Mort », cf. Is 38 10 ; Ps 9 14 ; 107 18 ; Sg 16 13.

Verset 19. la lumière. La lumière est personnifiée comme une entité distincte du soleil. Elle regagne chaque soir son domicile tandis que sortent les ténèbres.

La Sagesse créatrice.

38 Et les ténèbres, où résident-elles,
20 pour que tu puisses les conduire dans leur domaine, les acheminer * vers leur demeure ?
21 Si tu le sais, c’est qu’alors tu étais né, et tu comptes des jours bien nombreux ! 22 Es-tu parvenu jusqu’aux dépôts de neige ? As-tu vu les réserves de grêle,
23 que je ménage pour les temps de détresse, pour les jours de bataille et de guerre ?
24 De quel côté se divise l’éclair, où se répand sur terre le vent d’est ?
25 Qui perce un canal pour l’averse, fraie la route aux roulements du tonnerre,
26 pour faire pleuvoir sur une terre sans hommes, sur un désert que nul n’habite,
27 pour abreuver les solitudes désolées, faire germer l’herbe sur la steppe ? *
28 La pluie a-t-elle un père, ou qui engendre les gouttes de rosée ?
29 De quel ventre sort la glace, et le givre des cieux, qui l’enfante,
30 quand les eaux se durcissent * comme pierre et que devient compacte la surface de l’abîme ?
31 Peux-tu nouer les liens des Pléiades, desserrer les cordes d’Orion,
32 amener la Couronne en son temps, conduire l’Ourse avec ses petits ? *
33 Connais-tu les lois des Cieux, appliques-tu leur charte sur terre ?
34 Ta voix s’élève-t-elle jusqu’aux nuées et la masse des eaux t’obéit-elle ? *
35 Sur ton ordre, les éclairs partent-ils, en te disant : « Nous voici » ?
36 Qui a mis dans l’ibis la sagesse, donné au coq l’intelligence ? *
37 Qui dénombre les nuages avec compétence et incline les outres des cieux,
38 tandis que la poussière s’agglomère et que collent ensemble les glèbes ?
39 Chasses-tu pour la lionne * une proie, apaises-tu l’appétit des lionceaux,
40 quand ils sont tapis dans leurs tanières, aux aguets dans le fourré ?
41 Qui prépare au corbeau sa provende, lorsque ses petits crient vers Dieu et se dressent * sans nourriture ?

Job 38 (20-41)

Verset 20. les acheminer. « les acheminer », litt. « les reconduire (par les sentiers) », tebi ‘ennû conj.; « pour que tu comprennes (Tes sentiers) » tabîn hébr.

Verset 27. la steppe. « sur la steppe » miççiyyah conj.; « lieu d’origine » moça’ hébr. – Les w. 26-27 soulignent la gratuité des œuvres divines, ou bien la sollicitude de Dieu pour d’autres êtres que les hommes.

Verset 30. se durcissent. « se durcissent » yitehamma ‘û conj.; « se cachent » yithab-ba ‘û hébr.

Verset 32. ses petits. « la Couronne », c’est-à-dire la Couronne boréale, d’après l’une des étymologies possibles du mot. Selon d’autres : « l’étoile du berger (cf. Vulg. « Lucifer »), ou « les Hyades » parce qu’Aldebaran marquait le temps de la pluie et des labours. – Les « petits » de l’Ourse désignent peut-être la constellation de la petite Ourse.

Verset 34. t’obéit-t-elle. « t’obéit- elle » grec; « te couvre – t – elle » hébr.

Verset 36. l’intelligence. « ibis » et « coq » : traduction  incertaine. Le mot sekwi (« coq ») n’apparaît qu’ici, mais on s’appuie sur un targum et sur la Vulg. Tuhôt (« ibis ») semble être une transcription de Thot, le dieu-ibis égyptien. Ce mot se retrouve une fois, Ps 51 8, mais dans un sens tout différent. – On attribuait à ces animaux des facultés de prévision : l’ibis annonçait les crues du Nil, le coq annonce le jour et, selon certaines croyances populaires, la pluie.

Verset 39. la lionne. On passe de la nature inanimée au règne animal. Sont choisis les types les plus farouches et indépendants, ou les plus étranges. Or Dieu veille à leur subsistance.

Verset 41. se dressent. « ils se dressent » vite lalû conj.; « ils errent » yite ‘w hébr.

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Ps 18 8-16 ; 8 Et la terre s’ébranla et chancela, les assises des montagnes frémirent, (sous sa colère elles furent ébranlées) —- 16 Et le lit de la mer apparut, les assises du monde se découvrirent, au grondement de ta menace, Yahvé, au vent du souffle de tes narines.

Na 1 3 ; 3 Yahvé est lent à la colère, mais grand par sa puissance. L’impunité, jamais il ne l’accorde, Yahvé. Dans l’ouragan, dans la tempête il fait sa route, les nuées sont la poussière que soulèvent ses pas.

Ez 1 4, 4 Je regardai : c’était un vent de tempête soufflant du nord, un gros nuage, un feu jaillissant, avec une lueur autour, et au centre comme l’éclat du vermeil au milieu du feu. 

Ex 13 22+; 22 La colonne de nuée ne se retirait pas le jour devant le peuple, ni la colonne de feu la nuit.

Nb 16 33+. 33 Ils descendirent vivants au shéol, eux et tout ce qui leur appartenait. La terre les recouvrit et ils disparurent du milieu de l’assemblée. 34 À leurs cris, tous les Israélites qui se trouvaient autour d’eux s’enfuirent. Car ils se disaient : « Que la terre ne nous engloutisse pas ! » 35 Un feu jaillit de Yahvé, qui consuma les deux cent cinquante hommes porteurs d’encens.

Is 38 10 ; 10 Je disais : Au midi de mes jours, je m’en vais, aux portes du shéol je serai gardé pour le reste de mes ans.

Sg 16 13. 13 Oui, c’est toi qui as pouvoir sur la vie et sur la mort, qui fais descendre aux portes de l’Hadès et en fais remonter.