AT-26 LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Chapitres : 1 3 

2 1 – Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées. 2 – Comme le lis entre les chardons, telle ma bien-aimée entre les jeunes femmes. * 3 – Comme le pommier parmi les arbres d’un verger, ainsi mon bien-aimé parmi les jeunes hommes. A son ombre désirée je me suis assise, et son fruit est doux à mon palais,

4 II m’a menée au cellier, * et la bannière qu’il dresse sur mot, c’est l’amour. 5 Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin, ranimez-moi avec des pommes, car je suis malade d’amour. * 6 Son bras gauche est sous ma tête et sa droite m’étreint.

7 – Je vous en conjure, filles de Jérusalem, par les gazelles, par les biches des champs, * n’éveillez pas. ne réveillez pas mon amour, avant l’heure de son bon plaisir.

  • Vers 1. de Salomon. Sur l’attribution à Salomon.
  • Vers 1. la bien-aimée. Les vv. 2-4 sont comme un prologue, qui donne le thème général des poèmes qui vont suivre et qui a déjà le ton de tendresse passionnée qui dominera tout le recueil. Les passages brusques de la troisième à la deuxième personne sont caractéristiques aussi des chants d’amour égyptiens. Le bien-aimé est absent, mais il reste présent au cœur de son aimée, à laquelle s’associent ses compagnes, v. 4b, qui sont les filles de Jérusalem Ju v, 5. L’ensemble a des parallèles dans l’épithalame royal de Ps 45 8-9, 15-16,
  • Vers 3. une huile. Simple jeu poétique d’allitération avec shem, « nom », et she-Mtn, «huile», l’huile étant appelée par les parfums du stique précédent,
  • Vers 4. le roi. Ce roi n’est pas Yahvé, comme le dit l’interprétation allégorique» ni Salomon dans le poème primitif. Le fiancé et la fiancée «in! appelés « roi » et « reine » dans les chants de mariage syriens. Peut-être ici tout le stique est-il simplement une réminiscence de Ps 45 15.
  • Vers 5. je suis noire. Elle a le teint hâlé par les travaux campagnards auxquels elle a été astreinte, v. 6 ; elle se compare aux tentes noires des Bédouins, tissées avec du poil de chèvre. Les anciens poètes arabes opposent le teint clair des filles de bonne naissance (ici, les filles de Jérusalem) à celui des esclaves et des servantes occupées aux travaux extérieurs.
  • Vers 5. Jérusalem. Les filles de Jérusalem, ou les filles de Sion, 311, représentent une assistance que les amoureux interpellent, ici et 2 7 ; 3 5, 11; 5 8, 16; 8 4, ou qui intervient pour introduire ou relancer un développement poétique, 1 8; 5 9; 6 1 ; 7 1.
  • Vers 5. de Salma. a Salma » conj.; « Salomon » hébr. – Salma et Qédar sont deux tribus d’Arabes nomades.
  • Vers 6. pas gardée. Elle a donné son cœur à celui qu’elle aime.
  • Vers 7. le troupeau. Réminiscence passible de Gn 37 16. Le thème de la sépara lion et de la recherche est, dans toute la littérature amoureuse, aussi ou plus fréquent que celui de la présence et de la possession heureuse. Dans le Cantique, il se retrouve en 3 1-4, 48: 5 2-8; 6 1 – Le cadre est ici celui d’une idylle pastorale, cf, Jacob et Rachel, Gn 29 1-12. Dans 5 2-8, le cadre sera différent ; ce ne sont pas des situations réelles.
  • Vers 9. bien-aimée. Comparer la bien-aimée à une jument, digne d’un attelage royal, nous paraît saugrenu. Mais c’était un éloge choisi de la beauté féminine chez les anciens poètes arabes et chez Théocrite.
  • Vers 12. le roi. Les amoureux sont ensemble, et les parfums rares et capiteux, nard, myrrhe, cypre, signifient le plaisir qu’ils éprouvent de cette rencontre, vv. 12-14. Ils font assaut de compliments, vv. 15-16; 2 1-3. Le lieu de la rencontre est vague, un lit de verdure, v. 16, un palais, v. 17, un cellier, 24, mais cf. la note. En revanche le dénouement est clair : ils sont enlacés, 2 6, et le bien-aimé supplie qu’on ne réveille pas celle qu’il aime, 2 7, ce qui sera repris comme un refrain en 3 5 et 8 3-4. Cela ne choquera pas, si l’on considère le Cantique comme un recueil de chants de mariage et si l’on ne recherche pas une situation qui se développe d’un poème à l’autre, cf. l’Introduction.
  • Vers 14. d’En-Gaddi. La « Source du Chevreau », sur la rive ouest de la mer Morte, avec une oasis fertile où croissaient aussi, d’après d’autres textes, le baume et le palmier.
  • Vers 2. jeunes femmes. La bien-aimée s’est comparée au narcisse et au lis ; le bien-aimé renchérit : elle est un lis parmi les épines, il n’aime qu’elle. Ici comme plus loin, 4 13-14, il ne faut pas tuer cette poésie en y accrochant des notes botaniques.
  • Vers 4. cellier. Litt. « maison du vin »; on pourrait traduire aussi « salle de banquet », cf. Est 7 8; Qo 7 2, et, d’après Jr 16 8-9, trouver une référence aux fêtes de mariage.
  • Vers 5. d’amour. Amnon aussi était malade d’amour pour Tamar, 2 S 13 2, unique parallèle biblique, mais on en trouverait d’autres dans les chants égyptiens.
  • Vers 7. des champs. Note pastorale, comme aux vv. 9 et 17. Il est peu vraisemblable que çebaôt, « gazelles », et ‘ayyalôt, « biches » (dans cet ordre), soit un cryptogramme pour ‘Elohê Çebaôt, le Dieu d’Israël, dont on n’aurait pas voulu prononcer le nom dans ces chants profanes.

Second poème

La bien-aimée. *

8 J’entends mon bien-aimé. Voici qu’il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. 9 Mon bien-aimé est semblable à une gazelle, à un jeune faon. Voilà qu’il se tient derrière notre mur. Il guette par la fenêtre, il épie par le treillis. 10 Mon bien-aimé élève la voix, il me dit : « Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens.

11 Car voilà l’hiver passé, c’en est fini des pluies, elles ont disparu. 12 Sur notre terre les fleurs se montrent. La saison vient des gais refrains, le roucoulement de la tourterelle se fait entendre sur notre terre. 13 Le figuier forme ses premiers fruits et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, ma bien-aimée, ma belle, viens !

14 Ma colombe, cachée au creux des rochers, en des retraites escarpées, montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix ; car ta voix est douce et charmant ton visage. » 15 Attrapez-nous les renards, les petits renards ravageurs de vignes, car nos vignes sont en fleur. *

16 Mon bien-aimé est à moi, et moi à lui. * Il paît son troupeau parmi les lis. 17 Avant que souffle la brise du jour et que s’enfuient les ombres, * reviens… ! Sois semblable, mon bien-aimé, à une gazelle, à un jeune faon, sur les montagnes de Bétèr. *