AT-31 LES LAMENTATIONS

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LES LAMENTATIONS

TABLE DES MATIèRES

  • Première lamentation * (Chap. 1)
  • Deuxième lamentation * (Chap. 2)
  • Troisième lamentation * (Chap. 3)
  • Quatrième lamentation (Chap. 4)
  • Cinquième lamentation * (Chap. 5)

Chapitres : 1— 2 3 4 5

Première Lamentation *

1 1 Quoi ! elle est assise à l’écart, la Ville populeuse ! Elle est devenue comme une veuve, la grande parmi les nations. Princesse parmi les provinces, elle est réduite à la corvée. 2 Elle passe des nuits à pleurer et les larmes couvrent ses joues. Pas un qui la console parmi tous ses amants. * Tous ses amis l’ont trahie, devenus ses ennemis !

3 Juda est exilée, * soumise à l’oppression, à une dure servitude. Elle demeure chez les nations sans trouver de répit. Tous ses poursuivants l’atteignent en des lieux sans issue. 4 Les chemins de Sion sont en deuil, nul ne vient plus à ses fêtes. Toutes ses portes sont désertes, ses prêtres gémissent, ses vierges se désolent. Elle est dans l’amertume ! 5 Ses oppresseurs ont le dessus, ses ennemis sont heureux, car Yahvé l’a affligée pour ses nombreux crimes ; ses petits enfants sont partis captifs devant l’oppresseur.

  • Titre. Le poète décrit l’état misérable de Jérusalem. Sion personnifiée prend la parole au v. 9, puis au v. 11, pour une plainte, vv. 12-16, puis pour une prière, v. 18s, qui est à la fois une confession, une espérance et une imprécation. – Grec et Vulg. insèrent ici cette introduction : « II arriva, après la réduction d’Israël en captivité et de Jérusalem en désert, que le prophète Jérémie s’assit pleurant; il proféra cette lamentation sur Jérusalem et dit. »
  • Vers 2. ses amants. Les anciens alliés de Juda, cf. Jr 4 30; 30 14; Ez 16 37-40; 23 22-29.
  • Vers 3. exilée. Contrairement à l’ordinaire, Juda est ici personnifié au féminin.

6 De la fille de Sion s’est retirée toute sa splendeur. Ses princes étaient comme des cerfs qui ne trouvent point de pâture ; ils cheminaient sans force devant qui les chassait. 7 Jérusalem se souvient de ses jours de misère et de détresse, * quand son peuple succombait aux coups de l’adversaire sans que nul la secourût. Ses adversaires la voyaient, il riaient de sa ruine. 8 Jérusalem a péché gravement, aussi est-elle devenue chose impure. Tous ceux qui l’honoraient la méprisent : ils ont vu sa nudité. Elle, elle gémit et se détourne. 9 Sa souillure colle aux pans de sa robe. Elle ne songeait pas à cette fin ; elle est tombée si bas ! Personne pour la consoler. « Vois, Yahvé, ma misère : l’ennemi triomphe. »

10 L’adversaire a étendu la main sur tous ses trésors : * elle a vu les païens pénétrer dans son sanctuaire, auxquels tu avais interdit l’entrée de son assemblée. 11 Son peuple tout entier gémit, en quête de pain ; on donne ses bijoux pour de la nourriture, pour retrouver la vie. « Vois, Yahvé, et regarde combien je suis méprisée. 12 Vous * tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur qui me tourmente, dont Yahvé m’a affligée au jour de sa brûlante colère.

  • Vers 7. de détresse. L’hébreu ajoute : « de tous ses trésors qui existaient depuis les jours anciens », glose rompant le rythme.
  • Vers 10. ses trésors. Ceux du Temple, cf. Jos 6 24; 1 R 14 26; 2 R 24 13, mais sans doute aussi les fonds privés qu’on y déposait, cf. 2 M 4 3s.
  • Vers 12. Vous. « Vous » Vulg. ; « Pas pour vous » hébr.

13 D’en haut il a envoyé un feu qu’il a fait descendre dans mes os. Il a tendu un filet sous mes pas, il m’a renversée, il m’a rendue désolée, malade tout le jour. 14 II a guetté mes crimes : de sa main il m’enlace, son joug est sur mon cou, il fait fléchir ma force. Le Seigneur m’a mise à leur merci, je ne puis plus tenir ! * 15 Tous mes braves, le Seigneur les a rejetés du milieu de moi. Il a convoqué contre moi une assemblée pour anéantir mon élite. Le Seigneur a foulé au pressoir la vierge, fille de Juda. 16 C’est pour cela que je pleure ; mes yeux fondent en larmes, * car il est loin de moi, le consolateur qui me rendrait la vie. Mes fils sont bouleversés, car l’ennemi est trop fort. » 17 Sion tend les mains, pas un qui la console. Yahvé a mandé contre Jacob ses oppresseurs de toutes parts ; Jérusalem est devenue chose impure parmi eux. 18 « Yahvé, lui, est juste, car à ses ordres je fus rebelle. Écoutez donc, tous les peuples, et voyez ma douleur. Mes vierges et mes jeunes gens sont partis en captivité. 19 J’ai fait appel à mes amants : ils m’ont trahie. Mes prêtres et mes anciens expiraient dans la ville, cherchant une nourriture qui leur rendît la vie.

  • Vers 14. plus tenir. Ce v. est corrigé d’après Vulg., grec lue. et syr. L’hébreu., corrompu, se traduirait litt. « il est lié, le joug de mes crimes, dans sa main ils s’enlacent, ils sont montés sur mon cou, il fait fléchir ma force. Le Seigneur m’a mise à la merci de… je ne puis plus tenir ». – Ici et à plusieurs reprises dans la suite, « le Seigneur » représente la lecture massorétique du nom sacré « Yahvé » (prononcé Adonaï, litt. « mon Seigneur »), passée dans le texte écrit au lieu du nom lui-même. La graphie primitive, YHWH, a été conservée par quelques mss.
  • Vers 16. en larmes. Litt. « mon œil, mon œil… »; la répétition pourrait être un effet de style, cf. 3 20, mais peut aussi simplement exprimer le pluriel.

20 Vois, Yahvé, quelle est mon angoisse ! Mes entrailles frémissent ; mon cœur en moi se retourne : Ah ! je n’ai fait qu’être rebelle ! Au dehors l’épée me prive d’enfants, au dedans, c’est comme la mort. 21 Entends-moi qui gémis : pas un qui me console ! Tous mes ennemis ont appris mon mal, ils se réjouissent de ce que tu as fait. Fais venir le Jour que tu avais proclamé, pour qu’ils soient comme moi ! * 22 Que toute leur méchanceté te soit présente et traite-les comme tu m’as traitée pour tous mes crimes ! Car nombreux sont mes gémissements. et mon cœur est malade. »

  • Vers 21. comme moi. « Entends » syr.; « ils ont entendu » hébr. – « Fais venir » syr.; Tu as fait venir » hébr. – Le Jour de Yahvé, désastreux pour Israël dans l’optique préexilique, cf. Am 5 18; So 1 14, va devenir tel pour les nations, cf. Jl 3 14.