AT-42 HABAQUQ

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LE LIVRE D’HABAQUQ

Table des matières

  • Titre. (Chap. 1)
  • I. Dialogue entre le prophète et son Dieu
  • Première plainte du prophète : la déroute de la justice. *
  • Premier oracle. Les Chaldéens fléau de Dieu. *
  • Seconde plainte du prophète : les exactions de l’oppresseur. *
  • Second oracle. Le juste vivra par sa fidélité. (Chap 2)
  • II Les malédictions contre l’oppresseur
  • Prélude.
  • Les cinq imprécations.
  • III. Appel à l’intervention de Yahvé
  • Titre. (Chap 3)
  • Prélude. Supplication.
  • Théophanie. L’arrivée de Yahvé.
  • Le combat de Yahvé.
  • Conclusion : Crainte humaine et foi en Dieu.

Chapitres : 1— 2 3

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Titre.

1 1 L’oracle * que reçut en vision Habaquq le prophète.

I. Dialogue entre le prophète et son Dieu

Première plainte du prophète : la déroute de la justice. *

2 Jusques à quand, Yahvé, appellerai-je au secours sans que tu écoutes, crierai-je vers toi : « A la violence ! » sans que tu sauves ? 3 Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité et regardes-tu l’oppression ?

Je ne vois que rapine et violence, c’est la dispute, et la discorde sévit ! 4 Aussi la loi se meurt, plus jamais le droit ne paraît ! Oui, l’impie traque le juste, aussi ne paraît plus qu’un droit fléchi !

  • Vers 1. l’oracle. Litt. « charge », « fardeau », cf. Is 13 1, etc., et Jr 23 33-40.
  • Titre. justice. Au nom de son peuple, cf. Jr 10 23-25 ; 14 2-9, 19-22 ; Is 59 9-14, le prophète se plaint à Yahvé des malheurs publics. Ce texte, proche des complaintes du Psautier et de Jérémie, pourrait, considéré isolément, être rapporté aux désordres intérieurs d’une société ; mais, dans le contexte des vv. 12-17, il vise sans aucun doute l’oppression chaldéenne. Pourquoi la justice et la bonté de Yahvé (et sa sainteté, v. 13) tolèrent-elles le triomphe de l’impie ? Car c’est un païen qui domine, et Juda, même pécheur, demeure un « juste », connaissant le vrai Dieu. A Yahvé de répondre, cf. 2 1.

Premier oracle. Les Chaldéens fléau de Dieu. *

5 Regardez parmi les peuples, voyez, soyez stupides et stupéfaits ! Car j’accomplis de vos jours une œuvre * que vous ne croiriez pas si on la racontait. 6 Oui ! voici que je suscite les Chaldéens, ce peuple farouche et fougueux, * celui qui parcourt de vastes étendues de pays pour s’emparer des demeures d’autrui.

7 II est terrible et redoutable, sa force fait * son droit, sa grandeur ! 8 Ses chevaux sont plus rapides que panthères, plus mordants que loups du soir ; ses cavaliers bondissent, ses cavaliers arrivent de loin, ils volent comme l’aigle qui fond pour dévorer.

9 Tous arrivent pour le pillage, la face ardente comme un vent d’est ; * ils ramassent les captifs comme du sable ! 10 Ce peuple se moque des rois, il tourne les princes en dérision. Il se rit de toutes forteresses : il entasse de la terre * et les prend ! 11 Puis le vent a tourné et s’en est allé…* Criminel qui fait de sa force son Dieu !

  • Titre. Première réponse. C’est Yahvé lui-même qui suscite le fléau chaldéen. Ces païens sont l’instrument de sa justice, pour un temps. Cf. Am 3 11; Is 10 5-27; Jr 5 14-19; 25 1-13; 27 6-22; 51 20-23; Dt 28 47s; 2 R 24 2-4. Cf. Nabuchodonosor, « mon serviteur », Jr 25 9; 27 6; 43 10.
  • Vers 5. une œuvre. Avec grec ; l’hébr. peut aussi se comprendre ; « (une œuvre) s’accomplit ».
  • Vers 6. fougueux. Les images qui vont composer une description épique de l’invasion se retrouvent maintes fois chez les prophètes, cf. Is 5 26-29 ; 13 17-18 ; Jr 4 5-7, 13, 16-17 ; 5 15-17 ; 6 22-24 ; Na 3 2-3 ; Ez 23 22-26 ; 28 7-10
  • Vers 7. fait. Litt. « de lui-même sortent ». Ce peuple ne reconnaît ni Dieu ni maître et n’attribue qu’à lui-même ses succès. Cf. v. 1 lb.
  • Vers 9. vent d’est. Texte incertain. – « la face ardente » conj.; « l’ardeur (ou : la convoitise) de leurs faces » hébreu. – « un vent d’est » avec 1 Qp Hab (ce sigle désigne le commentaire d’Habaquq découvert à Qumrân en 1947) et Vulg.; « vers l’est » TM. – Le « vent d’est », vent desséchant du désert, est parfois le symbole des invasions venues de l’est, cf. Os 12 2 ; 13 15 ; Jr 18 17 ; Ez 17 10s.
  • Vers 10. la terre. Remblais ou levées de terre utilisés pour les sièges.
  • Vers 11. est allé. Comme l’ouragan, l’invasion passe puis s’en va, ne laissant que ruines sur son passage. – D’autres comprennent : « Alors l’esprit est passé et s’en est allé » (une phase de l’inspiration prophétique est achevée); ou bien : « Alors il (l’envahisseur) a changé d’esprit et a transgressé (sa mission ?) ».

Seconde plainte du prophète : les exactions de l’oppresseur. *

12 Dès les temps lointains * n’es-tu pas Yahvé, mon Dieu, mon Saint, qui ne meurs pas ? * Tu l’avais établi, Yahvé, pour exercer le droit, tel un rocher, * pour châtier, tu l’avais affermi ! * 13 Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, tu ne peux regarder l’oppression. Pourquoi regardes-tu les gens perfides, gardes-tu le silence quand l’impie engloutit un plus juste que lui ?

14 Tu traites les humains comme les poissons de la mer, comme la gent qui frétille, sans maître ! 15 II * les prend tous à l’hameçon, les tire avec son filet, il les ramasse avec son épervier, et le voilà dans la joie, dans l’allégresse ! 16 Aussi sacrifie-t-il à son filet, fait-il fumer des offrandes devant son épervier, car ils lui procurent de grasses portions et des mets plantureux. * 17 Videra-t-il donc sans trêve * son filet, massacrant les peuples sans pitié ?

  • Titre. Cette nouvelle plainte reprend la première, vv. 2-4 : puisque le triomphe des Chaldéens a pour cause ultime la volonté de Yahvé, vv. 5-6, c’est donc Yahvé qu’il faut interroger. Comment, juste et saint, gardien du droit, vv. 12a~b, 13, peut-il ainsi traiter les nations et le peuple élu, v. 14 ? Laissera-t-il l’impie engloutir le juste, v. 13, cf. vv. 4 et 15-17 ?
  • Vers 12. lointains. Ceux de l’Exode, que rappellera le ch. 3. Là demeure pour Habaquq le motif de l’espérance.
  • Vers 12. meurs pas. « qui ne meurs pas » lp’ tamût conj.; « nous ne mourrons pas » lo’ namût hébr., mais c’est là le résultat d’une correction de scribe et la traduction rétablit ce qui devait être le texte primitif.
  • Vers 12. un rocher. Litt. « et un rocher ». Ou bien : « ô Rocher », cf. Dt 32 4.
  • Vers 12. affermi. Le peuple chaldéen, suscité pour une mission de justice qu’il ne doit pas outrepasser, cf. 1 5+. Pour d’autres, il s’agit d’Israël, qui devait être l’arbitre des peuples, ou du roi de Juda, Joiaqim, infidèle à sa mission: 1 2-4, 12-17 et 26-19 seraient dirigés contre lui.
  • Vers 15. Il. L’envahisseur chaldéen.
  • Vers 16. plantureux. « plantureux », en lisant un masculin au lieu du féminin hébreu.
  • Vers 17. sans trêve. « sans trêve » 1 Qp Hab; « et sans trêve massacrant » TM.