(04)-ÉVANGILE SELON SAINT JEAN

Chapitres : 1 –  3 4 5 

Jésus chez les Samaritains. *

 4  1 Quand Jésus apprit que les Pharisiens avaient entendu dire qu’il faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean – 2 bien qu’à vrai dire Jésus lui-même ne baptisât pas, mais ses disciples, – 3 il quitta la Judée et s’en retourna en Galilée. 4 Or il lui fallait traverser la Samarie. 5 Il arrive donc à une ville appelée Sychar, * près de la terre que Jacob avait donnée à son fils Joseph. 6 Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la marche, se tenait donc assis près du puits. C’était environ la sixième heure.

 7 Une femme de Samarie vient pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » 8 Ses disciples en effet s’en étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. 9 La femme Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme Samaritaine ? » (Les Juifs en effet n’ont pas de relations avec les Samaritains.) * 10 Jésus lui répondit :

« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurais donné de l’eau vive. »

 11 Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où l’as-tu donc, l’eau vive ? 12 Serais-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits et y a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses bêtes ? » 13 Jésus lui répondit :

« Quiconque boit de cette eau aura soif de nouveau ; 14 mais qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant en vie éternelle. »

 15 La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie plus soif et ne vienne plus ici pour puiser. » 16 Il lui dit : « Va, appelle ton mari et reviens ici. » 17 La femme lui répondit : « je n’ai pas de mari. » Jésus lui dit : tu as bien fait de dire : « Je n’ai pas de mari, » 18 car tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; en cela tu dis vrai. 19 La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète… 20 Nos pères ont adoré sur cette montagne * et vous, vous dites : C’est à Jérusalem qu’est le lieu où il faut adorer. » 21 Jésus lui dit :

« Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. » 22 Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. 23 Mais l’heure vient – et c’est maintenant où les véritables adorateurs adoreront le Père dans l’esprit et la vérité, * car tels sont les adorateurs que cherche le Père.

 24 « Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c’est dans l’esprit et dans la vérité qu’ils doivent adorer. »

 25 La femme lui dit : « Je sais que le Messie doit venir, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, il nous expliquera tout. » 26 Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »

 27 Là dessus arrivèrent ses disciples, et ils s’étonnaient qu’il parlât à une femme. Pourtant pas un ne dit : « Que cherches-tu ? » Ou : « De quoi lui parles-tu ? » 28 La femme alors laissa là sa cruche, courut à la ville et dit aux gens : 29 « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » 30 ils sortirent de la ville et ils se dirigeaient vers lui.

 31 Entre-temps, les disciples le priaient, en disant : « Rabbi, mange. » 32 Mais il leur dit : « J’ai à manger un aliment que vous ne connaissez pas. »33 Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » 34 Jésus leur dit :

“ Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé * et de mener son œuvre à bonne fin. 35 Ne dites-vous pas : Encore quatre mois et vient la moisson ? Eh bien ! Je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson. *

Déjà 36 le moissonneur reçoit son salaire et récolte du fruit pour la vie éternelle, en sorte que le semeur se réjouit avec le moissonneur. 37 Car ici se vérifie le dicton : autre est le semeur, autre le moissonneur ;

 38 Je vous ai envoyé moissonner là où vous ne vous êtes pas fatigués ; D’autres se sont fatigués et vous, vous héritez de leurs fatigues. *

 39 Un bon nombre de Samaritains de cette ville crurent en lui à cause de la parole de cette femme, qui attestait : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » 40 Quand donc ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurer chez eux. Il y demeura deux jours 41 et ils furent bien plus nombreux à croire, à cause de sa parole, 42 et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus sur tes dires que nous croyons ; nous l’avons nous-mêmes entendu et nous savons que c’est vraiment lui le sauveur du monde. » *

Évangile Jean 4 (1-42)

  • –          Titre. La rencontre près du puits est un thème de la littérature patriarcale : Gn 24 10 ; 29 Is ; Ex 2 15s. Les puits eux-mêmes et les points d’eau jalonnent l’itinéraire terrestre et spirituel des Patriarches et du peuple de l’Exode ; Gn 26 14-22 ; Ex 15 22-27 etc. L’eau de source devient dans l’A T le symbole de la vie que Dieu donne, plus particulièrement aux temps messianiques: Is 12 3; 55 1; Jr 2 13; Ez 47 1 etc. (Et dans le N T: Ap 7 16-17; 22 17), ou encore de la sagesse et de la Loi qui donne la vie, Pr 13 14; Si 15 3; 24 23-29. Ces thèmes se retrouvent transposés dans la scène évangélique, où l’eau vive devient symbole de l’Esprit, cf Jn 7 37-39 et 1 33+.
  •           Verset 5, Sychar. Soit l’ancienne Sichem (en araméen Sichara), soit l’actuel village d’Askar, au pied du mont ébal, à quelque mille mètres du puits de Jacob. Ce puits n’est pas mentionné dans Gn.
  •           Verset 9, avec les Samaritains. Om de la parenthèse. – les Juifs haïssaient les Samaritains, Si 50 25-26 ; Jn 8 48 ; Jn 8 48 etc. Ils expliquaient leur origine, 2 R 17 24-41, par l’immigration forcée de cinq peuplades païennes, restées en partie fidèles à leurs dieux, que symbolisent les « cinq maris » du v 18.
  •           Verset 20, sur cette montagne. Le mont Garizim, où les Samaritains avaient bâti un temple, rival de celui de Jérusalem. Jean Hyrcan l’avait détruit en 129.
  •           Verset 23, dans l’Esprit et dans la vérité. L’Esprit, 14 26+, principe de la nouvelle naissance, 3 5, est aussi le principe du culte nouveau, culte spirituel, cf 2 20-21 et Rm 1 9+. Ce culte est « dans la vérité », parce que seul il répond à la révélation que Dieu en fait par Jésus.
  •           Verset 34, qui m’a envoyé. Déjà Paul, Rm 8 3 ; Ga 4 4, et les évangiles synoptiques regardaient Jésus comme envoyé par le Père, mais Jean ne cesse d’y insister, 3 17 ; 5 24 etc. Le Christ vient du Père, 3 31 ; 6 46; 7 29 etc., descend du Père, 3 13; 6 38, 42. Il dit les paroles du Père, 3 34 ; 7 16 ; 8 26 etc., il fait le vouloir du Père, ici, les œuvres du Père, 9 4; 10 32, 37; 14 10. La foi, 3 12+, consiste à reconnaître en lui celui que le Père a envoyé, 7 28-29; 17 21, 25; 19 9+. Les apôtres seront plus tard associés à la mission du Fils, 13 20 etc.
  •           Verset 35, pour la moisson. La moisson spirituelle, dont les Samaritains qui approchent, v 30, sont les prémices.
  •           Verset 38, de leurs fatigues. Le moissonneur désigne les apôtres, le semeur leurs prédécesseurs, surtout Jésus lui-même.
  •           Verset 42, sauveur du monde. Et non seulement le « roi d’Israël », 1 49. L’universalisme est un des traits caractéristiques des écrits johanniques, cf 1 29; 3 16; 11 52; 1 Jn 2 2. Toutefois « le salut vient des Juifs », 4 22.

Jésus en Galilée.

 4  43 Après ces deux jours, il partit de là pour la Galilée. 44 Jésus avait en effet témoigné lui-même qu’un prophète n’est pas honoré dans sa propre patrie. 45 Quand donc il vint en Galilée, les Galiléens l’accueillirent, ayant vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem lors de la fête ; car eux aussi étaient venus à la fête.

Évangile Jean 4 (43-45)

Second signe à Cana :

Guérison du fils d’un fonctionnaire royal.

4  46 Il retourna alors à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Et il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. 47 Apprenant que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, il s’en vint le trouver et il le priait de descendre guérir son fils, car il allait mourir. 48 Jésus lui dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas ! » 49 Le fonctionnaire royal lui dit : « Seigneur, descends avant que ne meure mon petit enfant. » 50 Jésus lui dit : « Va, ton fils vit. » L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et se mit en route. 51 Déjà il descendait, quand ses serviteurs, venant à sa rencontre, lui dirent que son enfant était vivant. Il s’informa auprès d’eux de l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent : « c’est hier, à la septième heure, que la fièvre l’a quitté. » 53 Le père reconnut que c’était l’heure où Jésus lui avait dit : « Ton fils vit, » et il crut, lui avec sa maison toute entière. 54 Ce nouveau signe, le second, Jésus le fit à son retour de Judée en Galilée.

Évangile Jean 4 (46-54)

Chapitres : 1 –  3 4 5