AT-11 1er LIVRE DES ROIS.

Chapitres : 1—    20  21  22

4. LA VIGNE DE NABOT

Nabot refuse de céder sa vigne.

 21   1 Voici ce qui arriva après ces événements : Nabot de Yizréel possédait une vigne à côté du palais d’Achab, * roi de Samarie, 2 et Achab parla ainsi à Nabot : « Cède-moi ta vigne pour qu’elle me serve de jardin potager, car elle est tout près de ma maison ; je te donnerai en échange une vigne meilleure, ou, si tu préfères, je te donnerai l’argent qu’elle vaut. » 3 Mais Nabot dit à Achab : Yahvé me garde de te céder l’héritage de mes pères ! »

  • Vers 1. d’Achab. Son palais de Yizréel, 1 R 18 46, non celui de Samarie, 2 R 9 25-26 ; ce qu’explique une glose de l’hébreu. Maladroitement rattachée à « Nabot ».

Achab et Jézabel.

4 Achab s’en alla chez lui sombre et irrité à cause de cette parole que Nabot de Yizréel lui avait dite : « Je ne te céderai pas l’héritage de mes pères. » II se coucha sur son lit, détourna son visage et ne voulut pas manger. 5 Sa femme Jézabel vint à lui et lui dit : « Pourquoi ton esprit est-il chagrin et ne manges-tu pas ? » 6 II lui répondit : « J’ai parlé à Nabot de Yizréel et je lui ai dit : « Cède-moi ta vigne pour de l’argent, ou, si tu aimes mieux, je te donnerai une autre vigne en échange » Mais il a dit : « Je ne te céderai pas ma vigne ». 7 Alors sa femme Jézabel lui dit : « Vraiment, tu fais un joli roi sur Israël ! Lève-toi et mange, et que ton cœur soit content, moi je vais te donner la vigne de Nabot de Yizréel. »

Meurtre de Nabot.

8 Elle écrivit au nom d’Achab des lettres qu’elle scella du sceau royal, et elle adressa les lettres aux anciens et aux notables * qui habitaient avec Nabot. 9 Elle avait écrit dans ces lettres : « Proclamez un jeûne et faites asseoir Nabot en tête du peuple. * 10 Faites asseoir en face de lui deux vauriens * qui l’accuseront ainsi : « Tu as maudit Dieu et le roi ! « Conduisez-le dehors, lapidez-le et qu’il meure. » *

11 Les hommes de la ville de Nabot, les anciens et les notables qui habitaient sa ville, firent comme Jézabel leur avait mandé, comme il était écrit dans les lettres qu’elle leur avait envoyées. 12 Ils proclamèrent un jeûne et mirent Nabot en tête du peuple. 13 Alors arrivèrent les deux vauriens, qui s’assirent en face de lui, et les vauriens témoignèrent contre Nabot devant le peuple en disant : « Nabot a maudit Dieu et le roi. » On le fit sortir hors de la ville, on le lapida et il mourut. 14 Puis on envoya dire à Jézabel : « Nabot a été lapidé et il est mort. » 15 Lorsque Jézabel eut appris que Nabot avait été lapidé et qu’il était mort, elle dit à Achab : « Lève-toi et prends possession de la vigne de Nabot de Yizréel, qu’il n’a pas voulu te céder pour de l’argent, car Nabot n’est plus en vie, il est mort. » 16 Quand Achab apprit que Nabot était mort, il se leva pour descendre à la vigne de Nabot de Yizréel et en prendre possession.

  • Vers 8. aux notables. Après « notables » hébreu. ajoute « ceux de la ville ».
  • Vers 9. du peuple. Dans les temps de malheur, on proclamait un jeûne et une prière publics, Jg 20 26, pour apaiser Dieu et pour découvrir la faute qui avait provoqué sa colère. Une calamité publique (sécheresse, famine…) a dû servir de prétexte à la ruse de Jézabel.
  • Vers 10. deux vauriens. La loi exigeait deux témoins pour une accusation capitale, Nb 35 30 ; Dt 17 6 ; cf. Mt 26 60s.  – l’hébr. a remplacé « maudit » par « béni », comme au v. 13 (de même en Jb 1 5 11 ; 4 5, 9).
  • Vers 10. qu’il meure. II semble que les biens des condamnés à mort étaient dévolus au roi.

Élie fulmine la condamnation divine. *

17 Alors la parole de Yahvé fut adressée à Élie le Tishbite en ces termes : 18 « Lève-toi et descends à la rencontre d’Achab, roi d’Israël à Samarie. Le voici qui est dans la vigne de Nabot, où il est descendu pour se l’approprier. 19 Tu lui diras ceci : Ainsi parle Yahvé : Tu as assassiné, et de plus tu usurpes ! C’est pourquoi, * ainsi parle Yahvé : A l’endroit même où les chiens ont lapé le sang de Nabot, les chiens laperont ton sang à toi aussi. »

20 Achab dit à Élie : « Tu m’as donc rattrapé, ô mon ennemi ! » Élie répondit : « Oui, je t’ai rattrapé. Parce que tu as agi en fourbe, faisant ce qui déplaît à Yahvé, 21 voici que je vais faire venir sur toi le malheur : je balayerai ta race, j’exterminerai les mâles de la famille d’Achab, liés ou libres en Israël. 22 Je ferai de ta maison comme de celles de Jéroboam fils de Nebat et de Basha fils d’Ahiyya, car tu as provoqué ma colère et fait pécher Israël. 23 (Contre Jézabel aussi Yahvé a prononcé une parole : « Les chiens dévoreront Jézabel dans le champ * de Yizréel.) 24 Celui de la famille d’Achab qui mourra dans la ville, les chiens le mangeront, et celui qui mourra dans la campagne, les oiseaux du ciel le mangeront. »

25 * II n’y eut vraiment personne comme Achab pour agir en fourbe, faisant ce qui déplaît à Yahvé, parce que sa femme Jézabel l’avait séduit. 26 II a agi d’une manière tout à fait abominable, s’attachant aux idoles, comme avaient fait les Amorites que Yahvé chassa devant les Israélites.

  • Titre. On notera les ressemblances de situation avec l’intervention de Natân auprès de David, 2 S 12; même intervention de Yahvé on faveur du petit contre le puissant, même sursis accordé au pêcheur repentant, qui n’est châtié que dans son fils ; mais aussi les différences : la dynastie davidique garde la promesse, celle d’Achab est « balayée », Natân reste le prophète de David, et bénira Salomon. Élie est « l’ennemi » d’Achab.
  • Vers 19. c’est pourquoi. « C’est pourquoi » grec ; hébreu. répète « tu lui diras ».
  • Vers 23. dans le champ. « dans le champ » mss, versions ; « sur l’avant-mur » hébreu.
  • Vers 25. il n’y eut. vv. 25-26 sont la réflexion d’un rédacteur qui n’était pas convaincu du repentir d’Achab, vv. 27-29.

Repentir d’Achab.

27 Quand Achab entendit ces paroles, il déchira ses vêtements, mit un sac à même sa chair, jeûna, coucha avec le sac et marcha à pas lents. 28 Alors la parole de Yahvé fut adressée à Élie le Tishbite en ces termes : 29 « As-tu vu comme Achab s’est humilié devant moi ? Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur pendant son temps ; c’est au temps de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison. »