AT-23 LES PSAUMES (01 à 50) – 1ère Partie

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PSAUME 41 (40)

Prière du malade abandonné.

1 Du maître de chant. Psaume. De David. 2 Heureux qui pense au pauvre * et au faible : au jour de malheur, Yahvé le délivre ; 3 Yahvé le garde, il lui rend vie et bonheur sur terre : oh! ne le livre pas à l’appétit de ses ennemis ! 4 Yahvé le soutient sur son lit de douleur ; tu refais tout entière la couche où il languit. * 5 Moi, j’ai dit : « Pitié pour moi, Yahvé ! guéris mon âme, car j’ai péché contre toi ! »

6 Parlant de moi, mes ennemis me malmènent : « Quand va-t-il mourir et son nom périr ? » 7 Vient-on me voir, on dit des paroles en l’air, le cœur plein de malice, on déblatère au dehors. 8 Tous à l’envi, mes haïsseurs chuchotent contre moi, ils supputent contre moi le malheur qui est sur moi : * 9 « C’est une plaie d’enfer * qui gagne en lui, maintenant qu’il s’est couché, il n’aura plus de lever. »

10 Même le confident sur qui je faisais fond et qui mangeait mon pain, se hausse * à mes dépens. 11 Mais toi, Yahvé, pitié pour moi, fais-moi lever, je les paierai de leur dû, ces gens : 12 par là, je connaîtrai que tu es mon ami, si l’ennemi ne lance plus contre moi son cri ; 13 et moi, que tu soutiens, je resterai indemne, tu m’auras à jamais établi devant ta face. 14 Béni soit Yahvé, le Dieu d’Israël, depuis toujours jusqu’à toujours. Amen ! Amen ! *

  • Vers 2. au pauvre. « au pauvre » grec, Targ.; omis par hébreu.
  • Vers 4. il languit. Litt. « dans sa maladie » ; texte incertain.
  • Vers 8. sur moi. L’épreuve de la maladie est considérée comme le châtiment d’un péché, cf. Job; Ps 38 4; 107 17.
  • Vers 9. d’enfer. Litt. « chose de Bélial », cf. Dt 13 14+.
  • Vers 10. se hausse. Litt. « hausse le talon ». – Le « confident » (litt. « mon homme de paix ») a été parfois identifié à Ahitophel, conseiller de David, 2 S 15 12; 17 23; cf. 12 19. Jésus a appliqué ce texte. à Judas, Jn 13 18.
  • Vers 14. Amen. Cette doxologie achève le premier livre du Psautier, cf. Ps 72 18; 106 48.

PSAUME 42-43 (41-42)

Complainte du lévite exilé. *

1 Du maître de chant. Poème. Des fils de Coré. 2 Comme languit une biche * après les eaux vives, ainsi languit mon âme vers toi, mon Dieu. 3 Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant ; quand irai-je et verrai-je la face de Dieu ? * 4 Mes larmes, c’est là mon pain, le jour, la nuit, moi qui tout le jour entends dire : Où est-il, ton Dieu ?

5 Oui, Je me souviens, et mon âme sur moi s’épanche, je m’avançais sous le toit du Très-Grand, * vers la maison de Dieu, parmi les cris de joie, l’action de grâces, la rumeur de la fête. 6 Qu’as-tu, mon âme, à défaillir et à gémir sur moi ? Espère en Dieu : à nouveau je lui rendrai grâce, le salut de ma face * 7 et mon Dieu ! Mon âme est sur moi défaillante, alors je me souviens de toi : depuis la terre du Jourdain et des Hermons, de toi, humble montagne. *

8 L’abîme appelant l’abîme au bruit de tes écluses, la masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi. 9 Le jour, Yahvé mande sa grâce et même pendant la nuit le chant qu’elle m’inspire est une prière à mon Dieu vivant. 10 Je dirai à Dieu mon Rocher : pourquoi m’oublies-tu ? pourquoi m’en aller en deuil, accablé par l’ennemi ?

11 Touché à mort dans mes os, mes adversaires m’insultent en me redisant tout le jour ; Où est-il, ton Dieu ? 12 Qu’as-tu, mon âme, à défaillir et à gémir sur moi ? Espère en Dieu : à nouveau je lui rendrai grâce, le salut de ma face et mon Dieu !

PSAUME 43

1 Juge-moi, Dieu, défends ma cause contre des gens sans amour ; de l’homme perfide et pervers, délivre-moi. 2 C’est toi le Dieu de ma force : pourquoi me rejeter ? pourquoi m’en aller en deuil, accablé par l’ennemi ?

3 Envoie ta lumière et ta vérité : elles me guideront, me mèneront à ta montagne sainte, jusqu’en tes Demeures. 4 Et j’irai vers l’autel de Dieu, jusqu’au Dieu de ma joie. * J’exulterai, je te rendrai grâce sur la harpe, Dieu, mon Dieu. 5 Qu’as-tu, mon âme, à défaillir et à gémir sur moi ? Espère en Dieu : à nouveau je lui rendrai grâce, le salut de ma face et mon Dieu !

  • Titre : exilé. L’exil, type de la détresse du fidèle qui « vit en exil loin du Seigneur » 2 Co 5 6-8, est ici l’éloignement du sanctuaire où Dieu réside, et des fêtes qui y rassemblent son peuple.
  • Vers 2. une biche. « biche » grec; « cerf » hébreu., mais le verbe est au féminin.
  • Vers 3. de Dieu. « et verrai-je » mss, syr., Targ.; « paraîtrai-je devant » hébr. (corr, d’un scribe choqué par cette expression, cf. Ex 33 20+). « Voir la face de Dieu », c’est ici visiter son sanctuaire, le Temple de Jérusalem, cf. Dt 31 11 ; Ps 27 8+.
  • Vers 5. Très-Grand. « Très-Grand », litt. « admirables » (avec un pluriel de majesté), grec, syr.; hébr. inintelligible. – Le «toit», litt. «la hutte », est le Temple où Dieu réside et que tout Israélite pieux visitait chaque année, Ex 23 14-17.
  • Vers 6. ma face. « ma face » mss hébreu., ms grec, syr., cf. v. 12; « sa face » hébr.
  • Vers 7. montagne. « de toi, humble montagne » conj. : il s’agit du mont Sion; l’hébreu. porte « de l’humble montagne » ou « du mont Miçar » : il s’agirait de Zaorah, non loin des sources du Jourdain, qui pourrait être une étape sur la route de l’Exil. Le premier « de toi » se rapporterait alors à Dieu.
  • Vers 4.(43) de ma joie. « ma joie » ms hébr.; « la joie (de mon exultation) » TM. Grec a compris : « Dieu qui réjouit ma jeunesse ».

PSAUME 44. (43)

Élégie nationale. *

1 Du maître de chant. Des fils de Coré. Poème. 2 O Dieu, nous avons ouï de nos oreilles, nos pères nous ont raconté l’œuvre que tu fis de leurs jours, aux jours d’autrefois, 3 et par ta main. Pour les planter, tu expulsas des nations, pour les étendre, tu malmenas des peuples ; 4 ni leur épée ne conquit le pays, ni leur bras n’en fit des vainqueurs, mais ce furent ta droite et ton bras et la lumière de ta face, car tu les aimais.

5 C’est toi, mon Roi, mon Dieu, qui décidais * les victoires de Jacob ; 6 par toi, nous enfoncions nos adversaires, par ton nom, nous piétinions nos agresseurs. 7 Ni dans mon arc n’était ma confiance, ni mon épée ne me fit vainqueur ; 8 par toi nous vainquions nos adversaires, tu couvrais nos ennemis de honte ;

9 en Dieu nous jubilions tout le jour, célébrant sans cesse ton nom. 10 Et pourtant, tu nous as rejetés et bafoués, tu ne sors plus avec nos armées ; 11 tu nous fais reculer devant l’adversaire, nos ennemis ont pillé à cœur joie. 12 Comme animaux de boucherie tu nous livres et parmi les nations tu nous as dispersés ;

13 tu vends ton peuple à vil prix sans t’enrichir à ce marché. 14 Tu fais de nous l’insulte de nos voisins, fable et risée de notre entourage ; 15 tu fais de nous le proverbe des nations, hochement de tête parmi les peuples. 16 Tout le jour, mon déshonneur est devant moi et la honte couvre mon visage, 17 sous les clameurs d’insulte et de blasphème, au spectacle de la haine et de la vengeance.

18 Tout cela nous advint sans t’avoir oublié, sans avoir trahi ton alliance, 19 sans que nos cœurs soient revenus en arrière, sans que nos pas aient quitté ton sentier : 20 tu nous broyas au séjour des chacals, * nous couvrant de l’ombre de la mort. 21 Si nous avions oublié le nom de notre Dieu, tendu les mains * vers un dieu étranger, 22 est-ce que Dieu ne l’eût pas aperçu, lui qui sait les secrets du cœur ?

23 C’est pour toi qu’on nous massacre tout le jour, qu’on nous traite en moutons d’abattoir. * 24 Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi, ne rejette pas jusqu’à la fin ! 25 Pourquoi caches-tu ta face, oublies-tu notre oppression, notre misère ? 26 Car notre âme est effondrée en la poussière, notre ventre est collé à la terre. 27 Debout, viens à notre aide, rachète-nous en raison de ton amour !

  • Titre. Ce Ps qui oppose aux triomphes du passé les humiliations présentes peut se rapporter, comme les Ps 74; 79; 80, à la ruine de Jérusalem en 587. Les vv. 18-23 ont pu être ajoutés plus tardivement pour adapter le Ps aux persécutions des temps maccabéens.
  • Vers 5. qui décidais. « mon Dieu, qui décidais versions; « O Dieu, décide » hébr.
  • Vers 20. des chacals. Soit le pays dévasté, Is 34 13; Jr 9 10, soit le désert, refuge des Juifs persécutés, 1 M 2 29; 9 33.
  • Vers 21. les mains. Geste de la prière, Ps 28 2; 141 2; Is 1 15.
  • Vers 23. d’abattoir. Allusion vraisemblable aux persécutions d’Antiochus Épiphane.

PSAUME 45 (44)

Épithalame royal. *

1 Du maître de chant. Sur l’air : Des lys…* Des fils de Coré. Poème. Chant d’amour. 2 Mon cœur a frémi de paroles belles : je dis mon œuvre pour un roi, ma langue est le roseau d’un scribe agile. 3 Tu es beau, le plus beau des enfants des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres. Aussi tu es béni de Dieu à jamais.

4 Ceins ton épée sur ta cuisse, vaillant, dans le faste et l’éclat 5 va, chevauche, pour la cause de la vérité, de la piété, de la justice. Tends la corde sur l’arc, * il rend terrible ta droite ! 6 Tes flèches sont aiguës, voici les peuples sous toi, ils perdent cœur, les ennemis du roi.

7 Ton trône est de Dieu * pour toujours et à jamais ! Sceptre de droiture, le sceptre de ton règne ! 8 Tu aimes la justice, tu hais l’impiété. C’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a donné l’onction d’une huile d’allégresse comme à nul de tes rivaux ; 9 ton vêtement n’est plus que myrrhe et aloès. Des palais d’ivoire, les harpes te ravissent. 10 Parmi tes bien-aimées * sont des filles de roi ; à ta droite une dame, sous les ors d’Ophir.

11 Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père, * 12 alors le roi désirera ta beauté : il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui ! 13 La fille de Tyr, par des présents, déridera ton visage, et les peuples les plus riches, 14 par maint joyau serti d’or. *

Vêtue 15 de brocarts, la fille de roi est amenée au-dedans * vers le roi, des vierges à sa suite. On amène les compagnes qui lui * sont destinées ; 16 parmi joie et liesse, elles entrent au palais. 17 A la place de tes pères te viendront des fils ; tu en feras des princes par toute la terre. 18 Que je fasse durer ton nom d’âge en âge, que les peuples te louent dans les siècles des siècles.

  • Titre. Selon certains, ce Ps aurait été un chant profane pour les noces d’un roi israélite, Salomon, Jéroboam II ou Achab (qui épousa une princesse syrienne, 1 R 16 31). Mais la tradition juive et chrétienne l’interprète des noces du Roi-Messie avec Israël (figure de l’Église), cf. Ct 3 11; Is 62 5; Ez 16 8-13, etc., et la liturgie étend à son tour l’allégorie en l’appliquant à Notre-Dame. Le poète s’adresse d’abord au Roi-Messie, vv. 3-10, en lui appliquant des attributs de Yahvé (Ps 145 4-7, 12-13, etc.) et de l’Emmanuel (Is 9 5-6), puis à la reine, vv. 11-17
  • Vers 1. des lys. « Des lys » doit être une relecture maccabéenne en fonction du Ct. La rubrique originale peut se comprendre d’après le grec : « Ceux qui altèrent (la Charte = la Loi, le précepte) », cf. Ps 60 1 ; 69 1 ; 80 1 ; allusion aux Juifs apostats.
  • Vers 5. sur l’arc. « Tends la corde sur l’arc » wehadrek yitreka conj.; « et ton éclat… et t’enseigne » wehadareka (décalé au début du v.) wetô-relca hébreu.
  • Vers 7. de Dieu. Le grec traduit : « Ton trône, ô Dieu… », voyant dans le mot élohim un vocatif qualifiant le roi; ce titre protocolaire est en effet appliqué au Messie, Is 9 5, ainsi qu’aux chefs et aux juges, Ex 22 6; Ps 82 6, à Moïse, Ex 4 16; 7 1, et à la maison de David, Za 12 8.
  • Vers 10. bien aimées. Les nations païennes, converties au vrai Dieu, Ct 1 3; 68; Is 60 3s; 61 5, et admises à son service à la suite d’Israël, vv. 15 16.
  • Vers 11. ton père. Comme Abraham son ancêtre, Israël doit rompre toute attache avec le monde païen qui l’entoure, et recevra des « fils », v. 17, en échange des « pères » ainsi quittés.
  • Vers 14. serti d’or. L’hommage des peuples païens, promis pour les temps messianiques.
  • Vers 15. au dedans. Hébreu. lit « la fille du roi au-dedans » avant « serti d’or ».
  • Vers 15. qui lui. « lui » 2 mss, cf. syr.; « te » TM.