03\-16 On demande à Jésus un signe dans le ciel. Mt 16

Évangile Matthieu Chap. 16

On demande à Jésus un signe dans le ciel.

16   1 Les Pharisiens et les Sadducéens s’approchèrent alors et lui demandèrent, pour le mettre à l’épreuve, de leur faire voir un signe venant du ciel.  Il leur répondit : « Au crépuscule vous dites : il va faire beau temps, car le ciel est rouge feu ;  et à l’aurore : Mauvais temps aujourd’hui car le ciel est d’un rouge sombre. Ainsi le visage du ciel, vous savez l’interpréter, et pour les signes des temps * vous n’en n’êtes pas capables !  4 Génération mauvaise et adultère ! Elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. » Et les laissant il s’en alla.

Évangile Matthieu 16 (1-4)

–   Verset 3, les signes des temps. Temps messianiques. Ces signes sont les miracles qu’opère Jésus.

Le levain des Pharisiens et des Sadducéens.

16  5 Comme ils passaient sur l’autre rive, les disciples avaient oublié de prendre des pains.  Or Jésus leur dit : « Ouvrez l’œil et méfiez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens. »  Et eux de faire en eux-mêmes cette réflexion : « C’est que nous n’avons pas pris de pain. »  Le sachant, Jésus dit : « Gens de peu de foi, pourquoi faire en vous-mêmes cette réflexion, que vous n’avez pas de pains ?  Vous ne comprenez pas encore ? Vous ne vous rappelez pas les cinq pains pour les cinq mille hommes, et le nombre de couffins que vous en avez retirés ?  10 ni les sept pains pour les quatre mille hommes, et le nombre de corbeilles que vous en avez retirées ?  11 Comment ne comprenez-vous pas que ma parole ne visait pas des pains ? Méfiez-vous, dis-je, du levain des Pharisiens et des Sadducéens ! » 12 Alors ils comprirent qu’il avait dit de se méfier, non du levain dont on fait le pain, mais de l’enseignement des Pharisiens et des Sadducéens. *

Évangile Matthieu 16 (5-12)

–   Verset 12, des Sadducéens. Comme le levain fait fermenter la masse, mais aussi peut la corrompre, la doctrine faussée des chefs Juifs menace de pervertir tout le peuple qu’ils dirigent.

Profession de foi et primauté de Pierre.

16  13 Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question : « Au dire des gens, qu’est le Fils de l’homme ? » 14 Ils dirent : Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou quelqu’un des prophètes. *

15 Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ?  16 Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » *  17 En réponse, Jésus lui dit : Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, * mais de mon Père qui est dans les cieux.  18 Et bien ! Moi je te le dis : « Tu es Pierre, * et sur cette pierre je bâtirai mon Église, * et les Portes de l’Hadès * ne tiendront pas contre elle.  19  Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. » *  20 Alors il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ.

Évangile Matthieu 16 (13-20)

–   Verset 14, quelqu’un des prophètes. Ce titre de « prophète » que Jésus n’a revendiqué que d’une façon indirecte et voilée, mais que les foules lui ont clairement donné, avait une valeur messianique. Car l’esprit de prophétie, éteint depuis Malachie, devait selon l’attente du judaïsme, revenir comme signe de l’ère messianique, soit dans la personne d’Élie, soit sous forme d’une effusion générale de l’Esprit.

–   En fait, il s’est présenté, du temps de Jésus, bien des (faux) prophètes. Jean-Baptiste, lui, fut vraiment un prophète, mais à titre de Précurseur venu avec l’esprit d’Elie ; et il a nié être « le Prophète » qu’avait annoncé Moïse, Dt 18 15. C’est en Jésus seul que la foi chrétienne a reconnu ce Prophète. Toutefois, le charisme de prophétie s’étant répandu dans l’Église primitive à la suite de la Pentecôte, ce titre de Jésus s’est effacé bientôt devant d’autres titres plus spécifiques de la christologie.

–   Verset 16, Fils du Dieu vivant. A la confession de la messianité de Jésus, rapportée par Mc et Lc, Mt ajoute celle de la filiation divine.

–   Verset 17, et du sang. Cette expression désigne l’homme, en soulignant le coté matériel et borné de sa nature, par opposition au monde des esprits.

–   Verset 18, tu es Pierre. Ni le mot grec « Pétros », ni même, semble-t-il, son correspondant araméen « Képha » (« rocher »), ne servaient comme nom d’homme avant que Jésus eût appelé ainsi le chef des apôtres pour symboliser son rôle dans la fondation de l’Église. Ce changement de nom a pu se produire plus tôt.

–   Mon Eglise. Le terme sémitique que traduit « ekklèsia » signifie « assemblée » et se rencontre souvent dans l’A T pour désigner la communauté du peuple élu, notamment dans le désert, Dt 4 10 etc. Des cercles Juifs se considérant comme le Reste d’Israël des derniers temps, tels les Esséniens de Qumrân, ont ainsi nommé leur groupement. En reprenant ce terme, Jésus désigne la communauté messianique dont il va fonder la nouvelle Alliance par l’effusion de son sang ; en l’employant parallèlement à celui de « Royaume des Cieux ». Il marque que cette communauté eschatologique commencera déjà sur la terre par une communauté organisée dont il institue le chef.

–   Les Portes de l’Hadès. Sur « l’Hadès » (en hébreu le « Shéol »), désignation du séjour des morts. Ici, ses « Portes » personnifiées évoquent les puissances du mal qui, après avoir entraîné les hommes dans la mort du péché, les enchaînent définitivement dans la mort éternelle. A la suite de son Maître, mort, « descendu aux enfers », et ressuscité, l’Église aura pour mission d’arracher les élus à l’empire de la mort, temporelle et surtout éternelle, pour les faire entrer dans le Royaume des Cieux.

–   Verset 19, les cieux pour délié. Tout comme la cité de la mort, la cité de Dieu a des portes qui ne laissent entrer que ceux qui en sont dignes ; comparer Mt 23 13p, Pierre en reçoit les clefs. Il lui appartient donc d’ouvrir ou de fermer l’accès du Royaume des Cieux, par l’intermédiaire de l’Église.

–   « Lier » et « délier » sont deux termes techniques du langage rabbinique qui s’appliquent premièrement au domaine disciplinaire de l’excommunication dont on « condamne » (lier) ou « absout » (délier) quelqu’un, et ultérieurement aux décisions doctrinales ou juridiques, avec le sens de « défendre » (lier) ou « permettre » (délier). Pierre en tant que majordome de la maison de Dieu, exercera le pouvoir disciplinaire d’y admettre ou d’en exclure qui il jugera bon, et il administrera la communauté par toutes les décisions opportunes en matière de doctrine et de morale. Sentences et décisions seront ratifiées par Dieu du haut du ciel.

–   Deux autres textes, Lc 22 31 et Jn 21 15s, souligneront que la primauté de Pierre doit s’exercer en particulier dans l’ordre de la foi et qu’elle le rend chef, non seulement de l’Église future, mais déjà des autres apôtres.

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Dt 18 15. 15 Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez. 16 C’est cela même que tu as demandé à Yahvé ton Dieu, à l’Horeb, au jour de l’Assemblée : « Pour ne pas mourir, je n’écouterai plus la voix de Yahvé mon Dieu et je ne regarderai plus ce grand feu »,17 et Yahvé me dit : « Ils ont bien parlé.

Dt 4 10. 10 Au jour où tu te tenais à l’Horeb en présence de Yahvé ton Dieu, Yahvé me dit : « Assemble-moi le peuple, que je leur fasse entendre mes paroles, afin qu’ils apprennent à me craindre tant qu’ils vivront sur la terre, et qu’ils l’enseignent à leurs fils. »

Mt 23 13p, 23  13 Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes le Royaume des Cieux ! Vous n’entrerez certes pas vous mêmes, et vous ne laissez même pas entrer * ceux qui le voudraient ! [14* 15 Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui parcourez mers et continents pour gagner un prosélyte, et quand vous l’avez gagné vous le rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous !

Lc 22 31. 22 31 « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamé pour vous cribler comme le froment ; 32 mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »

Jn 21 15s, 21 15 Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Jésus lui dit : « Pais mes agneaux. » 16 Il lui dit à nouveau, une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » – « Oui, Seigneur, lui dit-il, tu sais que je t’aime. » Jésus lui dit : « Pais mes brebis. » 17 Il lui dit pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné * de ce qu’il eût dit pour la troisième fois : « M’aimes-tu ? » et il lui dit : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. » * Jésus lui dit :  « Pais mes brebis. »

Première annonce de la passion.

16  21 À dater de ce jour, * Jésus commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter.  22 Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner en disant :

« Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera point ! »  23 Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle, *  car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Évangile Matthieu 15 (21-28)

–   Verset 21, à dater de ce jour. En ce moment crucial où il vient d’obtenir de ses disciples la première profession de foi expresse en sa messianité. Jésus fait la première annonce de sa Passion : au rôle glorieux du Messie, il joint le rôle douloureux du Serviteur souffrant. Par cette pédagogie, que renforcera quelques jours plus tard la Transfiguration suivie d’une consigne de silence et d’une annonce analogue, il prépare leur foi à la crise prochaine de sa mort et de sa Résurrection.

–   Verset 23, tu me fais obstacle. Pierre, en prétendant se mettre en travers de la voie que doit suivre le Messie, lui fait « obstacle » (sens premier du grec « skandalon ») et devient le suppôt, inconscient certes, de Satan lui-même, cf Mt 4 1-10.

Conditions pour suivre Jésus.

16   24 Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir à ma suite qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.  25 Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera. *  26 Que servira-t-il donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie ? Ou que pourra donner l’homme en échange de sa propre vie ? »

27 C’est qu’en effet le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa conduite. *  28 En vérité je vous le dis : il en est d’ici présents qui ne goûterons pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant avec son Royaume. *

Évangile Matthieu 15 (21-28)

–   Verset 25, de moi la trouvera. Ce « logion » à forme paradoxale et ceux qui le suivent jouent sur deux étapes de la vie humaine : présente et future. Le grec « psyché », équivalent ici de l’hébreux « nephesh », combine les trois sens de : vie, âme, personne, Gn 2 7+.

–   Verset 27, selon sa conduite. Var : ses œuvres.

–   Verset 28, avec son Royaume. Les v v 27 et 28 rapprochent pour leur analogie, deux paroles de Jésus sur deux avènements différents du Règne de Dieu : le Règne du Père instauré par le Jugement final, v 27, le Règne du Christ qui se manifeste avec la ruine de Jérusalem, cf Mt 24 1+.

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Mt 4 1-10. 4   1 Alors Jésus fut emmené au désert par l’Esprit, * pour être tenté par le diable. ——— 10 Alors Jésus lui dit : « Retire-toi, Satan ; Car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte. » 

Gn 2 7+.7 Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, * il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant. 

Mt 24 1+. 24 1 Comme Jésus sortait du Temple et s’en allait, ses disciples s’approchèrent pour lui faire voir les constructions du Temple. 2 Mais il leur répondit : « Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? En vérité je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée bas. » 3 Et, comme il était assis sur le mont des Oliviers, les disciples s’approchèrent de lui, en particulier, et demandèrent : « Dis-nous quand cela aura lieu, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde. »