AT-27 LE LIVRE DE LA SAGESSE

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8  1 Elle s’étend avec force d’un bout du monde à l’autre et elle gouverne l’univers pour son bien.

  • – Titre. l’’auteur prolonge ici d’une façon originale les personnifications antérieures de la Sagesse, cf. Pr 8 22+. Comme il l’a annoncé, 6 22, il précise à la fois la nature et l’origine, d’abord en énumérant les caractéristiques de l’Esprit divin que la Sagesse possède en propre et qui renseignent déjà sur sa nature, vv n 24 (on compte 21 attributs et ce chiffre, 3×7, paraît intentionnel pour signifier une perfection éminente) ; ensuite en déterminant la relation de la Sagesse à Dieu, vv. 25-26, à l’aide d’images qui indiquent à la fois provenance et participation intime. Faisant de nombreux emprunts de vocabulaire à la philosophie grecque, l’auteur souligne ensuite les différentes caractéristiques de la Sagesse et en vient à l’identifier à la providence divine, 8 1.
  • – Cet éloge de la Sagesse qui partage l’intimité de Dieu, 8 3, qui possède sa toute puissance, 7 23, 25, 27, et collabore à son œuvre créatrice, 7 12, 22; 8 4, 6, annonce déjà toute une théologie de l’Esprit à qui elle est assimilée, 9 17, et dont elle reçoit les fonctions traditionnelles, cf. Is 11 2+, mais surtout la christologie, notamment celle de saint Jean, et aussi celle de saint Paul (cf. Ep et Col) et de l’Épître aux Hébreux.
  • – Verset 26. éternelle. La « lumière éternelle » s’identifie avec Dieu, désigné sous cet aspect. Certains textes antérieurs suggéraient déjà l’idée d’une lumière transcendante qui émane de Dieu, Ha 3 4, éclaire ses fidèles ou son peuple, Ps 18 29; Is 2 5, constitue le rayonnement de sa gloire, Is 60 1, 19-20; Ba 5 9, ou réside près de lui, Dn 2 22+. Mais seul 1 Jn 1 5 dira explicitement que « Dieu est lumière.
  • – Verset 27. de Dieu. Comme Abraham, Is 41 8; 2 Ch 20 7; Jc 2 23, et Moïse, Ex 33 11.
  • – Verset 27. des prophètes. Non seulement les grands prophètes ou les scribes inspirés (Si 24 33), mais encore tous ceux qui, par leur vie sainte et leur intimité avec Dieu, pénètrent davantage dans la connaissance de ses exigences ou de ses mystères et deviennent ses « interprètes » autorisés, capables d’éclairer les autres hommes.

La Sagesse épouse idéale pour Salomon.

8     2 C’est elle que j’ai chérie et recherchée dès ma jeunesse ; j’ai cherché à la prendre pour épouse et je suis devenu amoureux de sa beauté. 3 Elle fait éclater sa noble origine en vivant avec Dieu, car le maître de tout l’a aimée. *

4 Elle est, de fait, initiée à la science de Dieu et c’est elle qui choisit ses œuvres. 5 Si, dans la vie, la richesse est un bien désirable, quoi de plus riche que la Sagesse, qui opère tout ?

6 Et si c’est l’intelligence qui opère, qui est plus qu’elle l’ouvrière de ce qui est ? 7 Aime-t-on la justice ? ses labeurs, ce sont les vertus, * elle enseigne, en effet, tempérance et prudence, justice et force ; ce qu’il y a de plus utile pour les hommes dans la vie.

8 Désire-t-on encore un savoir étendu ? elle connaît le passé et conjecture l’avenir, elle sait l’art de tourner * les maximes et de résoudre les énigmes, les signes et les prodiges, elle les sait d’avance, ainsi que la succession * des époques et des temps.

  • – Verset 3. l’a aimée. La Sagesse continue d’apparaître au jeune Salomon comme une épouse idéale qui possède, non seulement la beauté (v. 2), mais une noblesse divine, puis (vv. 4-8) la source même du savoir, de la richesse, de l’efficacité, de la vertu et de l’expérience.
  • – Verset 7. les vertus. L’auteur reprend peut-être une interprétation allégorique de Pr 31 10-31, appliquée à la Sagesse (cf. Pr 31 30+). Il énumère ensuite les quatre grandes vertus des philosophes grecs, qui deviendront plus tard les « vertus cardinales » de la théologie chrétienne.
  • – Verset 8. de tourner. Ou : « d’interpréter ».  – « maximes et « énigmes » signifient des sentences morales exprimées en termes volontairement obscurs. Cf. Jg 14 12; Pr 1 6; Si 39 2-3; Ez 17 2. Salomon y excellait, 1 R 5 12; 10 1-3; Qo 12 9; Si 47 15-17. Les termes associés : « signes » et « prodiges » renvoient surtout aux miracles de l’Exode, cf. 10 16. D’après l’usage grec, ils désigneraient plutôt des phénomènes naturels extraordinaires ou exceptionnels, considérés comme difficilement prévisibles.
  • – Verset 8. la succession. Ou : « les résultats, les issues ». Le texte envisage donc, soit le déroulement de l’histoire, soit les temps favorables aux initiatives ou entreprises humaines, cf. Qo 3 1-8. – Cette description du « savoir étendu » de la Sagesse complète le tableau de 7 17-21.

La Sagesse indispensable aux souverains.

8     9 Je décidai donc de la prendre pour compagne de ma vie, sachant qu’elle me serait une conseillère pour le bien, et un encouragement dans les soucis et la tristesse : 10 « J’aurai à cause d’elle gloire parmi les foules et, bien que jeune, honneur auprès des vieillards. 11 On me trouvera pénétrant dans le jugement et en présence des grands je serai admiré.

12 Si je me tais, ils m’attendront, si je parle, ils seront attentifs. si je prolonge mon discours, ils mettront la main sur leur bouche. * 13 J’aurai à cause d’elle l’immortalité et je laisserai un souvenir éternel à ceux qui viendront après moi. 14 Je gouvernerai des peuples, et des nations me seront soumises. 

15 En entendant parler de moi, des souverains terribles auront peur ; je me montrerai bon avec la multitude et vaillant à la guerre. 16 Rentré dans ma maison, je me reposerai auprès d’elle ; car sa société ne cause pas d’amertume, ni son commerce de peine, mais du plaisir et de la joie. »

Salomon va demander la Sagesse.

8     17 Ayant médité cela en moi-même, et considéré en mon cœur que l’immortalité se trouve dans la parenté * avec la Sagesse, 18 dans son amitié une noble jouissance, dans les travaux de ses mains une richesse inépuisable, dans sa fréquentation assidue l’intelligence, et la renommée à s’entretenir avec elle, j’allais de tous côtés, cherchant comment l’obtenir pour moi.

19 J’étais un enfant d’un heureux naturel, et j’avais reçu en partage une âme bonne, 20 ou plutôt, étant bon, j’étais venu dans un corps sans souillure ; *

21 mais, comprenant que je ne pourrais devenir possesseur de la Sagesse que si Dieu me la donnait, – et c’était déjà de l’intelligence que de savoir de qui vient cette faveur – je m’adressai au Seigneur et le priai, et je dis de tout mon cœur :

  • – Verset 12. leur bouche. Attitude du silence, Pr 30 32 ; Si 12, sous l’effet, soit de la stupeur ou de la confusion, Mi 7 16; Jb 21 5, 40 4, soit de l’admiration, Jb 29 9.
  • – Verset 17. la parentéUne « parenté » conférée par grâce (cf. v. 21). L’immortalité qui en résulte est d’abord celle du souvenir (cf. v. 13), mais sans doute aussi l’immortalité personnelle (cf. 4 1) car la Sagesse doit communiquer ce qu’elle possède par nature.
  • – Verset 20. sans souillure. Ce texte n’enseigne pas la préexistence de l’âme, comme on pourrait le croire si on l’isolait du contexte. Il corrige l’expression du v. 19, qui paraissait donner la priorité au corps comme sujet personnel, et souligne la prééminence de l’âme.